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ACI — ACO ACO

Ne laissoit plus d’esprits dans ces canaux arides.
Il fallait s’immoler afin de se guérir,
      Et par des conseils homicides,
      Pour vivre se faire mourir.

On le dira de même de tout instrument d’acier, sur-tout de ceux qui sont propres à couper & à trancher ; mais en ce sens il ne s’emploie qu’en poësie.

     J’ai vu des têtes couronnées,
Par leurs propres Sujets à la mort condamnées,
     Tomber sous l’acier d’un bourreau.

Regn. Desmar.

Ce mot, selon Ménage, vient de aciarium, dont les Italiens ont fait acciaro, & les Espagnols azcro, qui viennent tous du Latin acies, dont Pline s’est servi pour le mot de chalybs. D’autres disent qu’il a été aussi nommé ex iterata ustulatione, tanquam Assarium, ou Assatum. Papias dit que le mot aciare a signifié acier dans la basse Latinité. Les Latins l’appeloient chalybs, à cause de la trempe qu’ils lui donnoient dans un fleuve d’Espagne, appelé Chalybs ; ou à cause des Chalybes, peuples de Cappadoce, dont Virgile a dit : At Chalybes nudi ferrum, &c. Festus dit que les haches d’airain, dont on se servoit dans les sacrifices, s’appeloient Aciers. Acieris, securis ærea, &c.

☞ ACIS. s. m. Terme de Mythologie. C’est le nom d’un fils de Faune & de la Nymphe Simæthis. Son extrême beauté lui attira la bienveillance de la Nymphe Galatée, qui étoit aimée de Polyphême. Ce Cyclope en devint si jaloux, qu’il écrasa son rival d’un morceau de rocher, dans le temps qu’il étoit avec Galatée. La Nymphe pénétrée de douleur, métamorphosa son amant en une fontaine, ou rivière qui fut nommée de son nom, & qui coule dans la mer de Sicile. Ovide, Métamor. L. 13. Quelques Mythologistes disent que ce qui engagea le Géant Polyphême à tuer le Berger Acis, c’est parce qu’il refusoit de répondre à son amour.

☞ ACLE. Village de l’Angleterre septentrionale. Aclea. Il est sur la rivière de Skern, dans le diocèse de Durham. Le Concile d’Acle, tenu sous le Pape Adrien I, a fait connoître ce lieu.

☞ ACMON. s. m. Etoit chef d’une Colonie de Scythes, qui s’établit en Phénicie & en Syrie : il mourut pour s’être trop échauffé à la chasse, & fut mis au rang des Dieux sous le nom de Très-Haut, Ὑψιστὸς. Ses enfans furent Uranus & Titée, dont les noms signifient le Ciel & la Terre, & donnerent lieu à la Fable des Phéniciens, qui font Acmon père du Ciel & de la Terre. Hesychius dit qu’il étoit père d’Ouranos ou du Ciel, & il ajoute aussitôt que c’est le Ciel même, ou Saturne. Eustathe donne ce nom tout à la fois au Ciel & à l’Océan, (in Il. 18, 410.) En quoi il est démenti, aussi-bien qu’Hesychius, par Simmias de Rhodes, qui dans son petit Poëme des Ailes, donne le surnom d’Acmonide, c’est-à-dire, de fils d’Acmon, à l’Amour, qu’il suppose aussi ancien que le monde. On peut voir par là que le nom d’Acmon est un de ceux dont les Anciens ont fait tout ce qu’ils ont voulu, & dont on ne doit faire l’application à rien. Il y en avoit, dit Strabon, (l. 10.) qui donnoient ce nom à l’un des Dactyles Idéens, & il en témoigne son mécontentement, parce qu’ils ne faisoient qu’ajouter des choses incertaines à d’autres qui l’étoient déjà assez. Ce mot ἄϰμων signifie une enclume ; mais quand on en a fait un nom propre, on a voulu qu’il signifiât infatigable, de l’α privatif & de ϰάμνω, je suis abattu : Ἄϰμων, quasi ἀϰαμων, indefessus. Ce nom convient fort au Ciel, à cause de son mouvement, que la suite des siècles ne peut ni ralentir, ni accélérer.

ACO.

ACŒMÈTE, s. m. Prononcez Acémète. Acœmetus. Qui ne se couche point ni jour, ni nuit. Ce mot est Grec, ἀϰόιμητος, formé de l’α privatif, & de ϰοιμάω, Je suis couché, je dors dans un lit. Ce nom fut donné par les Grecs à certains Moines, non pas qu’ils ne dormissent jamais, mais parce que jour & nuit, sans interruption, ils chantoient l’office divin dans leurs églises, se partageant pour cela en trois bandes ou parties, dont l’une venoit relever l’autre, & com-


mencer le même office quand la première l’avoit fini. Ainsi, par exemple, quand les premiers avoient fini Matines, les seconds venoient les commencer ; ils étoient ensuite relevés par les troisièmes, qui chantoient aussi Matines à leur tour. Quand ils avoient fini, les premiers revenoient chanter Prime, & ainsi du reste ; en sorte que jour & nuit, les exercices pieux ne discontinuoient point dans leurs églises. Ainsi ce qui est dit dans la vie de S. Jean Calybite, imprimée par Lipoman, qu’ils furent appelés Acœmètes, parce qu’ils ne se couchoient jamais, ou qu’ils ne prenoient que très peu de sommeil, chantant toujours les louanges de Dieu, comme l’ont cru Canisius & Ferrarius dans le catalogue des Saints d’Italie, n’est pas vrai. L’instituteur des Acœmètes fut, si l’on en croit Nicéphore, l. i, v. c. 23, un Marcellus, que quelques Auteurs modernes appellent Marcellus d’Apamée, quoique Nicéphore ne lui donne point ce surnom en cet endroit-là, qu’il n’en dise rien au Liv. XII. Ch. 27, où il parle de Marcellus d’Apamée, & que Marcel d’Apamée vécût 50 ans ou plus, avant qu’il y eût des Acœmètes. On trouve dans Bollandus au 15 de Janvier la vie de S. Alexandre, fondateur des Acœmètes, inconnus avant lui, dit l’Auteur qui étoit disciple de ce Saint, & témoin oculaire de ce qu’il écrit. Ce Saint vivoit, selon Bollandus, vers l’an 430. Le premier Monastère d’Acœmètes fut bâti par ce Saint sur les bords de l’Euphrate. Pendant sa vie, ses disciples en érigèrent plusieurs semblables en différens lieux : lui-même en alla établir un à Constantinople, qui après la mort du Saint fut transféré à Bithynie, par Jean son successeur. A Jean succéda Marcellus, que Nicéphore a cru être l’Instituteur des Acœmètes. Sous ce Marcellus ce pieux institut s’étendit beaucoup, dit Bollandus ; & c’est là apparemment ce qui a fait que Nicéphore l’en a cru fondateur. Ce fut de son temps que Studius vint de Rome à Constantinople, y bâtir un Monastère, & y mit des Moines, qu’il tira des Monastères Acœmètes. Ce fut là l’origine des Studites, qui conséquemment viennent des Acœmètes. Saint Jean Calybite se retira dans un Monastère d’Acœmètes, & non pas d’Aromètes, comme le dit la Saussaye dans le Martyrologe de France. Quoique les Acœmètes aient fleuri sur-tout en Orient, il y en a cependant eu quelques-uns en Occident. Le P. le Cointe prétend, à l’endroit que je citerai, qu’il n’y a eu que le Monastère de Luxeuil, Luxoviense, celui de Remiremont, Habendense, & celui de S. Salaberge à Laon, où l’on ait dit perpétuellement l’Office de la manière que nous l’avons expliqué. Le P. Mabillon soutient qu’il y faut ajouter celui de S. Maurice, Agaunense, fondé par Sigismond, Roi de Bourgogne, celui de S. Marcel de Châlons, & celui de S. Denys en France. D’autres ajoutent encore celui de S. Riquier, &c. Il n’est pas vrai que S. Eucher Evêque d’Orléans se fit Moine Acœmète, comme l’a dit Canisius. Ce fut dans un Monastère de Bénédictins, à cinq lieues de Rouen, qu’il se retira, comme l’a remarqué Bollandus. T. i. de Janv. p. 1O19.

On a aussi appelé Acœmètes les Stylites, & quelques autres Moines de la Palestine, mais dont l’institut étoit fort différent de celui des Acœmètes. On pourroit aujourd’hui appeler Acœmètes les Religieuses du S. Sacrement, qui ont l’adoration perpétuelle. Si se relèvent jour & nuit, ensorte qu’il y en ait toujours devant le Saint Sacrement à prier.

Outre Nicéphore & Bollandus, dont j’ai parlé, Théodore Lecteur, L. I, Evagrius, L. III. Chap. 18 & 21. Théophane, Cédrenus, l’Auteur de la vie de S. Alexandre. Dans Bolland. 15 Janv. & Jacobus Canisius dans le Ribadeneira latin au 20 Février, Baronius à l’an 459, M. du Fresne dans son Glossaire, le Cointe Annal. T. I. an. 536, n. 224 & suiv. Le P. Mabillon, Act. Sanct. Bened. sæc. IV, p. 2. Præf. ont écrit des Acœmètes.

ACOINT, {{sc|te. adj. Ce mot veut dire familier, selon Nicod. Amicus familiaris.

☞ ACOINTABLE. adj. m. & f. Voyez Accointable.

☞ ACOINTIER. Vieux v. a. Accueillir, fréquenter. Poës. de Thibaut, Roi de Navarre.

Acointier. Vieux adv. A la rencontre, à la première vue.

ACOLALAN. s. m. Insecte de l’île de Madagascar. Il res-