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choses indignes. S’abaisser jusqu'aux plus lâches complaisances. L'humilité n'est souvent qu'un artifice de l'orgueil, qui ne s’abaisse que pour s'élever. Rochef. On le dit encore par respect d'une personne éminente en dignité, lorsqu'elle semble rabattre de sa grandeur, en descendant jusqu'à des personnes fort inférieures. Le Prince s'est abaissé jusqu'à moi, en prenant soin de ma fortune. P. de Cl. Les Grands ne s'élèvent jamais plus haut que lorsqu'ils s'abaissent, dit Costar, en écrivant à Madame Servien. Il avoit tiré ce passage du Panégyrique de Pline : Scilicet qui verè maximi sunt, hoc uno modo possunt crescere, si seipsi submittant, securi magnitudinis suae. De Roch. Il signifie aussi la complaisance, ou l'adresse par laquelle on se conforme, & on se proportionne à la compréhension foible & bornée de ceux à qui on parle. Un Prédicateur habile sait s’abaisser à la portée de ses auditeurs. C'est quelquefois un artifice de l'orgueil de s’abaisser avec excès, pour s'attirer des louanges. M. Scud. Pline dit en parlant de la bonté de Trajan, qu'il se familiarisoit avec ceux qui l'approchoient : Celui qui tient la première place n'a qu'une voie pour s'élever, c'est de s’abaisser lui-même ; parce que les Grands n'ont rien moins à craindre que de se ravaler en s’abaissant de la sorte. Bouh.

Abaisser, avec le pronom personnel, veut dire quelquefois s’affaisser Subsidere. La terre s'est affaissée : ou décroître. La riviére s’abaisse ; le vent s'est abaissé.

Abaissé, ée, participe passif. & adjectif. Depressus.

Abaissé, en termes de Blason, se dit du vol des aigles, & du vol en général des oiseaux, dont la représentation ordinaire est d'être ouvert & étendu, en sorte que le bout de leurs ailes tende vers les angles ou le chef de l'Ecu : mais lorsque ce bout est en bas, & vers la pointe de l'Ecu, ou que les ailes sont pliées, on l'appelle Vol abaissé.

On dit aussi, un chevron, un pal abaissé, une bande abaissée, quand la pointe finit au cœur de l'Ecu, ou au dessous, & ne monte pas plus haut. On dit aussi qu'une pièce est abaissée, lors qu'elle est au-dessous de sa situation ordinaire, comme le chef, la fasce, &c. Et ainsi les Commandeurs de Malte qui ont des chefs dans leurs Armoiries, sont obligés de les abaisser sous celui de la Religion.

ABAISSEUR. adj. m. est un épithète que les Médecins donnent au second muscle des yeux, qui les fait mouvoir en bas, & fait regarder la terre. On l’appelle aussi l’Humble, humilis. Dionis.

☞ ABALLON. s. m. Nom d'une contrée de l’Île de Terre-neuve, dans l’Amérique septentrionale. Aballonia, Avallonia. Les Anglois ont dans l’Aballon une colonie qu’ils nomment Ferreyland.

ABALOURDIR. v. a. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit autrefois, Abrutir, rendre stupide. Hebetem reddere. Il se trouve dans plusieurs Coutumes.

☞ ABANA. s. m. Nom d'une rivière de Syrie, dont il est parlé dans l’Ecriture, IV. Rois, v. 12. les LXX. de l’édition de Complute l’appellent Amana, conformément au Kéri ou Variante, quoique l’Hébreu porte Abana, & le manuscrit Alexandrin Naubana. Abana. Elle prend sa source dans le mont Liban, & baigne les murs de Damas du côté du midi & de l’occident : c’est pour cela qu’elle est aussi appellée fleuve de Damas. Elle coule dans la plaine d’Archadab, parallèlement au Pharphar, autre fleuve de Damas, & se décharge dans la mer de Syrie, au midi de l’embouchure du Pharphar. Sanutus, Secret. Fidel. Crucis, L. III. c. 2. dit que ce fleuve passe dans la ville de Valania, qui est, selon Etienne de Byzance, la ville appellée Leucas, & qu’il se jette dans la mer près du château nommé Margath. Il s’appelle quelquefois Valania, du nom de cette ville.

☞ ABANBO. s. m. Nom propre d'une rivière de la haute Ethiopie. Abanbus. On met ses sources sous la ligne, au levant des montagnes d’Amara, & on la fait décharger ses eaux dans le Nil, un peu au-dessus de l’Île de Guéguère. La source & le cours de cette rivière ressemblent si fort au Nil des Modernes, qu’on ne peut pas douter que ce ne soit le même. Maty. Quelques Auteurs prétendent que ce n’est autre chose que le commencement du Nil. Ce qu’il y a de certain, c’est que dans la Carte d’Ethiopie faite sur les lieux par les Peres Manuel d’Alméyda, Alfonso Mendez, Pero Pays & Jérôme Lobos, Jésuites Portugais, qui avoient demeuré long-temps dans ce


pays, & qui découvrirent les sources du Nil, il n’y a aucune rivière nommée Abanbo. Ainsi c’est plutôt la rivière que ces Peres appellent R. Maleg, dans leur carte des sources du Nil.

Ptolomée l’appelle Astapus, & Strabon Astapas ; & ces deux Auteurs le distinguent du Nil, dont Mela & Pline ont cru qu’il étoit un surnom ou une branche. Selon Hofman, quelques-uns l’appellent Abanhus, ou même Abantia, selon d’autres.

ABANCAI, ou ABANCAYO.s. m. Nom propre d'une rivière & d’un bourg de l’Amérique méridionale. Abancaius. La rivière d’Abancaï prend sa source dans des montagnes de l’Audience de Lima, & se jette dans le fleuve des Amazones. Elle donne son nom au bourg d’Abancaï ou Abancayo, situé sur son bord méridional, peu loin de son confluent avec le Maragnon ou rivière des Amazones.

ABANDON, s. m. Mépris, délaissement de quelque chose. Derelictio, destitutio. Neglectus rei alicujus. Il n'est point du bel usage. On ne le trouve guère que dans Moliere, lequel dit, en parlant des coquettes qui renoncent par nécessité au monde qui les quitte :

Dans un tel abandon leur sombre inquiétude.
Ne voit d'autre recours que le métier de Prude.

Il n'est supportable en ce sens qu'en termes de pratique. Le débiteur a fait l’abandon de tout son bien à ses créanciers. Abandonnement vaux mieux.

Les Mystiques ont nommé abandon, la sainte indifférence d'une ame désintéressée, qui s'abandonne totalement & sans réserve à Dieu. Cet abandon n'est que l'abnégation ou renoncement de soi-même Fenel. Les Quiétistes ont abusé de ce terme dans un sens impie & très justement condamné. Tout bon Mystique est toujours bon Chrétien, & par conséquent son abandon ne va jamais jusqu'à l'indifférence pour son salut, ni au mépris des bonnes œuvres, ni à la négligence dans le service de Dieu, &c. Les excès sont détestables, & bien éloignés du louable abandon que les saints Mystiques ont enseigné & pratiqué.

Abandon, se dit d'ordinaire adverbialement. Il a laissé sa maison à l’abandon, au pillage. Direptioni permittere, dare. On a dégarni la frontière, on l’a laissée à l’abandon. On s'en sert peu, excepté dans le discours familier : mais il n’est pas assez noble pour le style élevé. Du Cange dérive ce mot de abandum & abandonum, qui se trouvent en plusieurs endroits de la basse Latinité, disant que bandum se prenoit souvent pour arbitrium, pro re de relicta ad arbitrium primi occupantis. Pâquier le fait venir de ces trois mots à ban donner ; c'est-à-dire, exposer une chose à la discrétion du public, & la laisser à quiconque voudra s'en emparer.

ABANDONNEMENT, s. m. Délaissement, cession de biens, de terres, &c. Desertio, derelictio. L'héritier bénéficiaire est déchargé envers les créanciers par l’abandonnement des biens de la succession. G. G. L’abandonnement d'héritages n'est pas semblable au déguerpissement : car l’abandonnement d'héritages se fait par le tiers détenteur assigné en déclaration d'hypothèque, pour s'exempter de payer la dette à laquelle l'immeuble qu'il possède est hypothéqué. Le déguerpissement au contraire ne se doit faire par le détenteur que lorsqu'il ne veut point reconnoître le cens, ou passer titre nouveau d'une rente foncière, & d'autres charges réelles de pareille nature. Voyez Loyseau, de la Distinction des Rentes, Liv. I. L'abandonnement de biens rend un homme quitte envers ses créanciers, sans qu'ils puissent rien prétendre aux biens qu'il pourroit acquérir dans la suite. Il signifie encore l'état d'une personne dont le monde s'éloigne. Dans la désertion, & l’abandonnement général de ses amis, il se livre tout entier aux chagrins & aux réflexions de la solitude. S. Evr.

Il se met aussi pour résignation, vertu par laquelle nous nous remettons de tout entre les mains & à la conduite de Dieu. A moins d'un abandonnement entier dans la main de Dieu, la vie se passe dans le mécontentement & dans l'amertume, Ab. d. l. Tr.

Il signifie, Débauche, prostitution, quand il est mis sans


régime.