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ABR — ABR


α. 1.
β. 2.
ρ. 100.
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ξ. 60.
α. 1.
ϟ. 200.
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☞ ABRÉNER. Voyez ABARANER.

ABRENONCIO. Mot Latin, qui signifie, Renoncer. Le peuple s’en sert en François, lorsqu’un homme nie de mauvaise foi quelque dette, ou autre chose qu’on lui demande. Un tel avoit promis de payer cent écus, mais quand on les lui a demandés, il est allé à abrenoncio. Ce mot est tiré des exorcismes qui se font en baptisant, ou en faisant l’eau bénite, où l’on dit souvent, abrenoncio. Le peuple s’en sert encore quand on lui dit ou qu’on lui fait quelque chose qui lui déplaît, à quoi il ne veut point participer ; & ce mot a de l’énergie, & marque quelque horreur, & comme Harris l’a remarqué du mot abrenonciation, un renoncement, un abandonnement entier ; tel en un mot que celui par lequel on renonce au Démon, d’où ce mot est pris.

☞ ABREOJOS. Nom d’un amas d’écueils qui se trouvent sur la côte de l’Île Espagnole, au nord de la ville de Sant-Ïago. Les Espagnols leur ont donné le nom d’Abréojos, c’est-à-dire, Ouvre les yeux, pour marquer que les vaisseaux doivent bien prendre garde à éviter ces rochers, qui sont très dangereux ; on les nomme aussi Bancs de Babuaca, ou Basses de Babuoca.

ABREUVER. v. a. Adoquare. Donner à boire aux chevaux & au bétail. On abreuve les chevaux deux fois par jour. Anciennement on disoit abeuvrer, & par transposition de lettres l’on a dit abreuver. Dans une vieille chartre de l’an 1343, il est parlé de l’éponge dont J. C. fut abeuvré. L’Auteur de Flandria illustrata rapporte une lettre très-ancienne, où l’on trouve enbuver les chevaux.

Abreuver, signifie aussi, Humecter & imbiber d’eau. Humectare, imbuere. Il faut abreuver ces tonneaux, cette cuve, avant que d’y mettre la vendange. Ce drap est abreuvé d’eau. La terre est abreuvée par les pluies. Abreuver les prés, c’est les arroser, y faire venir de l’eau par le moyen des saignées. Les porosités des corps sont abreuvées par des humeurs crues, épaisses, froides.

Abreuver, verbe actif, terme de Vernisseur. On dit dans ce sens, que la première couche de vernis ne se met que pour abreuver le bois.

Abreuver, Terme d’Agriculture, faire entrer l’eau dans un pré. Les prés ont besoin qu’on les abreuve. Nos prés n’ont pas besoin d’être abreuvés, à cause des pluies fréquentes qui les arrosent. Liger. Il semble qu’on ne le dit que des prés.

Abreuver, se joint avec le pronom personnel. En ce cas il signifie boire, s’enyvrer. Inebriari. Ce jeune homme étoit si bien abreuvé, qu’il bronchoit à chaque pas.

Abreuver, signifie figurément, instruire, prévenir quelqu’un par quelque chose, & l’en remplir. Imbuere. Il l’a abreuvé de cette opinion. J’en suis abreuvé dès ma jeunesse. Tout le monde est abreuvé de cette nouvelle. Souvenez-vous de ces sources immortelles où vous vous êtes abreuvés des saintes eaux de la Sagesse. Patru.

Abreuvé, ée. part. pass. & adj. Imbutus.

Sitôt que du Nectar la troupe est abreuvée.

ABREUVOIR. s. m. Lieu où on abreuve les chevaux. Aquarium. Mener les chevaux à l’abreuvoir. Il se dit plus précisément d’un glacis le plus souvent pavé de grais, & bordé de pierres, qui conduit à un bassin, ou à une rivière, pour abreuver les chevaux. Dav. Il se dit aussi de l’endroit d’un ruisseau où les oiseaux vont boire. On prend des oiseaux à l’abreuvoir, en y mettant grand nombre de petits gluaux. L’heure la plus convenable de tendre à l’abreuvoir est depuis dix heures jusqu’à onze, & depuis deux heures jusqu’à trois après midi, & enfin, une heure & demie devant le coucher du


soleil, que les oiseaux viennent en foule à l’abreuvoir. Chomel.

Abreuvoir, en terme de Maçonnerie, se dit des intervalles que les Maçons laissent entre les joints des pierres, pour y faire entrer du mortier. En ce sens l’on se sert plus souvent du mot godet. Bima. Les Anglois se servent du mot abreuvoir dans ce même sens.

On dit proverbialement d’une plaie large & sanglante, que c’est un abreuvoir à mouches. Il lui a porté un coup à la tête, & lui a fait un grand abreuvoir à mouches. Ablanc. On dit aussi, qu’un bon cheval va bien tout seul à l’abreuvoir, quand on se leve de table pour prendre soi-même à boire au buffet. Ces phrases sont du style burlesque.

ABRI. s. m. Lieu à couvert du soleil, du vent & du froid, Locus ab aeris injuria defensus. Ces espaliers sont à l’abri du mauvais vent. Ce lieu est à l’abri du soleil. On se met à l’abri quand il pleut. Ce mot vient de apricus, quoiqu’il signifie tout le contraire. Ménage veut qu’il vienne d’opericus, inusité, qu’on a fait d’operio, je couvre.

Je veux une coëffure, en dépit de la mode,
Sous qui toute ma tête ait un abri commode. Mol.

On le dit fort souvent en terme de Marine. Mouillage, ou encrage à couvert du vent. Cette rade est à l’abri des vens du nord. Ces montagnes mettent ce port, ce mouillage, à l’abri. C’est un bon abri.

Abri, se dit figurément en Morale. Perfugium tutum à &c. L’étude des cas de conscience n’est point un art de s’aveugler, pour pécher à l’abri des Loix. La Plac. On s’en sert particulièrement pour exprimer un lieu de refuge & de sureté contre les inconstances du sort, & contre les revers. La solitude est un bon abri contre les coups de la fortune. Il est entré au service du premier Ministre, c’est un bon abri contre ses ennemis. Il est à l’abri de la persécution. Son amitié me doit servir d’abri & de consolation dans mes disgraces. Sa vertu s’est maintenue sans tache à l’abri de son peu de mérite. Vill. Dieu l’a retiré des agitations du monde, & l’a mis comme dans un abri, pendant que tout est dans la confusion, & dans le trouble. Ab. d. l. Tr. Dieu est le maître des Monastères. C’est lui qui doit faire les vocations de ceux qui viennent y chercher des retraites & des abris contre les orages du monde. Id. Il arrive des tentations qui nous arrachent des abris, dans lesquels nous nous étions réfugiés. Id.

A l’abri d’une longue & sure indifférence,
Je jouis d’une paix plus douce qu’on ne pense. Des Houl.

Si dans la pauvreté l’on est à l’abri des inquiétudes des richesses, l’on n’y est pas exemt des soins rongeans de la misère. S. Evr. Boileau parle de certains Abbés dont tout le métier,

Est d’aller à l’abri d’une perruque blonde,
De leurs froides douceurs fatiguer le beau monde,

On dit aussi adverbialement, se mettre à l’abri de l’orage. Etre à l’abri des coups. Ce criminel ayant eu avis qu’on le vouloit prendre, s’est mis à l’abri, & s’est sauvé en quelque asyle. On dit aussi d’un prisonnier, qu’on l’a mis à l’abri, qu’on s’en est assuré, qu’on l’a mis en prison.

☞ On dit proverbialement : Un homme sans abri, c’est un oiseau sans nid.

ABRIC. s. m. Quelques Chymistes Anglois nomment ainsi le soufre. Harris, Boyer.

☞ ABRICON. Vieux s. m. plus communément Bricon. Charlatan, trompeur, séducteur.

ABRICORNER. v. a. Inducere. Borel dit que ce mot vouloit dire autrefois Charlater ; c’est-à-dire, Engager comme font les Charlatans; gagner, obtenir ce qu’on veut. Il cite une vieille traduction d’Ovide, où il est parlé de ce que fit Ulysse pour obtenir qu’Iphigénie fût sacrifiée.

Bientôt la mere abricorner.

ABRICOT. s. m. Prunum, ou Malum armeniacum. Fruit


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