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Les arbres y sont comme les autres, mais il y a plus de cédres & de trembles : la terre y est basse : la baie a bien deux lieues de tour, & est platte en des endroits ; elle assèche de basse mer ; ce sont sables vaseux, & l’on y trouve quantité de coquillages de toutes façons, bons à mpanger : c’est la plus grande subsistence des Sauvages pendant le printemps.

☞ De-là, après avoir fait encore deux lieues, suivant la côte, on trouve une autre baie qu’on nomme Atticouguelche. Suivant la côte, ce sont tous sables qui de basse mer assèchent bien trois lieues vers l’eau ; & à l’entrée des terres il y a force étangs d’eau salées, & de belles priries où l’on trouve grand nombre de gibier ; & plus avant que les prairies, les terres y sont bonnes, & il y a de très-beau bois. Puis ayant avancé environ six lieues, continuant la route le long de la côte, l’on trouve une riviére. Continuant le tour de la baye, la terre y est diversifiée d’étangs & de prairies, à la réserve de quelques lieux couverts de sapins & de cèdres : & dans le fond de la baie l’on trouve une petite entrée entre deux pointes, qui va dans une grande anse toute platte, dans laquelle il y a un canal par où les chaloupes peuvent entrer. À une bonne portée de canon de cette entrée, l’on trouve la rivière de Mirliguesche qui donne le nom à cette baie. Elle est profonde, & s’étend bien avant dans les terres. Pendant le printemps & l’automne cette anse est toute couverte d’outardes, canards, farcelles & de toutes autres sortes de gibier. Ils y demeurent jusqu’après la Toussaint. En ce même lieu il y a des huîtres excellentes, & à l’entrée de la riviére à gauche il y en a encore davantage. Elles sont en roches, les unes sur les autres : En montant la riviére, il y a du côté gauche deux lieues durant des roches de pâtre qui sont assez hautes. Cela passé, les terres sont bonnes trois lieues durant de tous côtés, & couvertes de beaux arbres gros & fort hauts, entremêlés de chênes & de quelques pins. Au bout de ces crois lieues l’on rencontre deux autres riviéres en fourche, qui tombent dans celle-là, qui viennent de loin dans les terres, par où les Sauvages qui y sont en grand nombre, viennent au printemps pour le trafic de leurs peaux : la chasse y est assez bonne ; le pays y est plat avec une grande étendue de prairies des deux côtés. Ces deux riviéres viennent des lacs qui sont dans le haut, & dans lesquels les Sauvages tuent quantité de castors.

☞ A trois lieues de cette riviére, en continuant la route le long de la côte, l’on trouve une petite anse où la marée entre, dont le fond n’est que vase, & au milieu de laquelle passe un ruisseau. Pendant le printemps & l’automne l’on y pêche une grande quantité de bars. De-là la côte va jusqu’au cap Saint Louis, toûjours en montant quatre lieues durant ; ce cap est aussi extrêmement haut. Il y a de beaux arbres forts hauts & fort gros. En descendant du côté de la baie de Saint Laurent, la terre est couverte de même bois. Au pied de ce cap il y a des rochers qui font un petit bassin où l’on se peut mettre à l’abri du mauvais temps, en cas de besoin, avec une chaloupe ; il y a entrée des deux côtés. Il se trouve quantité de homars entre toutes ces roches-là, aussi bien que de canards & de moyaques. Les brisans de la mer y sont furieux lorsque les vents portent à la cote. Encore qu’il ne fasse de vent que pour faire enfler la voile, la hauteur de ce cap fait une rafale furieuse.

☞ Partant du cap Saint Loüis à dix lieues de-là, on trouve une petite riviére dont l’entrée a une barre qui se bouche quelquefois lorsque le temps est mauvais, & que la mer pousse les sables à l’entrée ; mais quand la riviére se fait grosse, elle passe par-dessus & fait l’ouverture. Il n’y peut entrer que des chaloupes : elle ne va pas avant dans les terres, qui sont assez belles, & couvertes d’arbres de toutes les espéces que j’ai nommées.

☞ Continuant la route environ douze lieues, la côte n’est que rochers, à la réserve de quelques anses de différentes grandeurs : les terres sont basses en ces endroits-là, elles paroissent bonnes & couvertes de fort beaux arbres, parmi lesquels il y a quantité de chênes. L’on arrive ensuite à une grande riviére, dont l’entrée est toute platte environ une lieue & demie vers la mer, & a bien trois lieues de large à son embouchure, qui asséche presque par-tout de basse mer. Son fond est de sable ;


il n’y peut entrer que de petits bâtimens de pleine mer, comme barques de douze à quinze tonneaux. On trouve même à l’entrée quelques battures de roches. À la gauche de cette embouchure est une petite riviére qui n’est séparée de la grande que par une pointe de sable, elle entre avant dans les terres, & est fort étroite à l’entrée.

☞ Cela passé, l’on trouve une grande ouverture où il se fait plusieurs anses par le moyen des pointes de terre basses ou prairies, dans lesquelles sont plusieurs étangs où il y a une prodigieuse abondance de gibier de toutes les sortes. La terre n’y est pas moins bonne que la chasse ; il y a quelques petits côteaux qui ne sont pas désagréables ; tous les arbres y sont très-beaux & gros ; il y a des chênes, des hêtres, des érables, des mignenogons, des cédres, des pins, des sapins, &c. La grande riviére est droite à l’entrée. Les chaloupes vont sept à huit lieues dedans ; après quoi l’on rencontre une petite isle couverte des mêmes bois & lambrusques de vignes, au-delà de laquelle on ne peut monter plus haut vers sa source, qu’avec des canots. La terre des deux côtés de la riviére vers sa source, est couverte de pins gros & petits l’espace d’une lieue. En remontant des deux côtés ce sont tous beaux arbres : les côteaux y sont un peu plus hauts que ceux de la petite riviére, mais la terre n’y est pas moins bonne. Il y a aussi le long de ses bords des anses & culs de sac, avec des prairies où la chasse est bonne. Cela s’appelle la riviére de Pictou. À une lieue & demie dans la riviére il y a une grande anse, où l’on trouve quantité d’excellentes huîtres : les unes en un endroit sont quasi toutes rondes, & plus avant dans l’anse elles sont monstrueuses : il s’y en trouve de plus grandes qu’un soulier, & à-peu-près de même figure ; elles sont toutes fort pleines & de bon goût ; & à l’entrée de cette riviére sur la droite, à demi-lieue de son embouchure, il y a encore une grande baie qui entre près de trois lieues dans la terre, & qui contient plusieurs isles & nombre d’anses des deux côtés, où il se trouve force prairies & du gibier en abondance. Allant trois Lieues plus avant, on rencontre une autre anse bien plus grande, aussi garnie de quantité d’isles d’inégale grandeur, les unes couvertes d’arbres, les autres de prairies, & il y a une infinité d’oiseaux de toutes les espéces : toutes les terres sont belles & bonnes, point trop montagneuses, mais couvertes de beaux arbres, entre lesquels il y a quantité de pins & de chênes.

☞ Passant huit ou neuf lieues plus avant, la côte est basse avec des rochers ; elle n’est pas fort saine. L’on y trouve pourtant quelque anse où la terre est basse, mais il n’y a pas beaucoup d’abri pour des chaloupes, & la mer y brise fort. On trouve une autre riviére qui a force roches à son entrée, & un peu au large vers la mer une autre petite isle couverte de bois que l’on appelle l’isle de l’Ormet. Avant que d’entrer dans cette riviére, l’on trouve une grande baie de deux bonnes lieues de profondeur & d’une de largeur ; en plusieurs endroits la terre basse est toujours couverte de beaux arbres. Dans le fond de cette baie l’on voir deux pointes de terre qui s’approchent, & font un détroît qui est l’entrée de la riviére qui vient de trois ou quatre lieues dans les terres : elle est platte à son entrée, les chaloupes n’y entrent pas bien avant : le pays est assez beau : il paroîr quelques montagnes dans les terres d’une médiocre hauteur : il s’y pêche aussi force huîtres & coquillages.

☞ Sortant de-là, suivant la côte à deux lieues ou environ, l’on trouve encore une autre riviére qui entre assez avant dans les terres : les deux côtes sont montagneuses.

☞ Passant plus avant, suivant La côte environ douze lieues, l’on va trouver le cap Tourmentin. Cette côte n’est que montagnes & rochers très-dangereux, qui sont fort au large vis-à-vis de ce cap : les uns paroissent, & les autres se découvrent de basse mer seulement. Ayant doublé cette pointe, & fait environ dix lieues le long de cette côte, l’on trouve une autre riviére ou les barques entrent : il faut bien prendre le canal, passé une petite isle, on est bien à couvert, & l’o n trouve assez d’eau. L’on mouille l’anchre devant une grande prairie qui fait une anse d’une raisonnable étendue, où l’on se met à l’abri


J’ai