Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/36

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ce en voit on des grãdes tailles par les chãps. Ie n’ay que faire de m’eſtendre plus loin en la deſcription de ceſt arbre, veu que le P. Maffëe & pluſieurs autres l’ont fait fort copieuſemẽt. Il y a en ces quartiers des Indes, vne ſorte de figuiers admirables : ils naiſſent & meurẽt tous les ans, & n’ont qu’une ſeule branche, en laquelle il y a pluſieurs figues, qui ſe mangent toute l’année, les vnes ſuccedantes & meuriſſantes apres les autres : & ſi elles ne ſont pas de meſme figure que celles d’Europe, les ſurpaſſant quatre fois en grandeur, plus lõgues que larges. C’eſt vne viãde fort commune & fort ſaine : nous en mãgeõs tous les iours. Les fueilles de l’arbre ſont plus grandes que ie ne ſuis, larges de cinq ou ſix pieds, quelques vns eſtiment, & aſſez à propos, que la pomme d’Adam eſtoit de ceſte eſpece, car il trouua tout auſſi toſt en ceſt arbre dequoy ſe couurir : veu que d’vne couple de ces fueilles iointes enſẽble, vous en feriez vne robbe, cõme la patiẽce d’vn Religieux. Auſſi ſe ſert-on de ces fueilles en beaucoup d’vſages. Les habitãs du lieu en font des aſſiettes, des plats, & ne ſe ſeruent iamais plus haut d’vne fois d’vn de ces plats. Le figuier quãd il s’en va mourir ſur la fin de l’année, laiſſe vne racine, de laquelle ſort vn nou-