Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/41

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huict. Ce qu’entendans les Portugais habitãs de ce lieu, firent tant enuers nous par leurs prieres, larmes, & proteſtations, que nous ne les abandõnaſſions point, au moins tãdis que le temps propre pour nauiger vers Goa dureroit, qu’en fin il fuſt conclu que noſtre voyage ſeroit differé juſques au 20. d’Aouſt, & que cependãt l’on ſeroit aux eſcoutes, pour voir ce que voudroit dire l’ennemy. Mais en vain, Nihil ille nec auſus, nec potuit, ils n’oſerent, & ne peurent jamais rien : tout ce qu’ils firent, ce fuſt de ſe promener & voltiger auec de petites fuſtes. Or vn jour cõme ils s’aduancerent vn peu trop de nos vaiſſeaux, il ne s’en falluſt preſque de rien qu’on n’en print vn des leurs, ce qui les rendiſt plus ſages à l’aduenir. Le 25. jour eſtoit deſia eſcheu, & l’ennemy ne bougeoit point, ne pretendant autre choſe que d’empeſcher noſtre nauigatiõ : mais cõme nous nous preparions pour partir, voilà que le jour ſuiuant il deſancre, eſtimãt que le temps propre au voyage fuſt eſcoulé, d’autãt que les Portugais ne partent quaſi jamais du Moſãmbic apres les 20. du mois d’Aouſt, à l’occaſion que és Indes les vents accouſtumés ne faillent jamais de tirer, & regnent (Dieu le voulant ainſi) chaſcun à ſon tour. Le deſpart