Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/42

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de l’ennemy nous donna eſperance de partir ; neãtmoins noſtre Pilote & les Inſulaires nous mettoient tant d’empeſchemẽs, de difficultés & de dangers au deuant, qu’il ſembloit que le Ciel & la terre euſſent cõjuré cõtre nous. Nonobſtant tout cela, le General, qui eſtoit le maiſtre abſolu en ceſt affaire, vouloit qu’on partiſt, pour autãt qu’il ſçauoit qu’on auroit beſoing en l’Inde des nauires que nous menions. Au moyen de quoy cõtre la volõté de tous les habitãs de l’Iſle, nous nous diſpoſons à partir deux jours apres la leuée des Hollandois. Or voicy vn’autre infortune, car la nauire de S. François, qui eſtoit venuë la derniere, deuoit partir la premiere, ſi elle ne ſe fuſt enſablée, deuant que les deux autres miſſent la voile au vent, & cõme l’eau eſtoit fort petite & fort baſſe, penchant ſur le coſté le plus profond, l’on fuſt contrainct, de peur qu’elle ne ſe renuerſaſt & periſt auec tout ce qui eſtoit dedãs, pour la deſcharger, de couper les maſts, de la peſanteur deſquels elle eſtoit toute affaiſſée. Ce qui fuſt ſi promptement executé que merueiiles. Car le maiſtre maſt eſt ſi gros que deux hõmes ne le ſçauroient embraſſer. Ce qui retarda encore noſtre nauigatiõ, d’autant qu’il falluſt deſcharger l’artillerie de ce-