Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/45

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ſirs, faiſant que contre le vent, l’eau nous portant de ſon flux (que nous pẽſions nous eſtre contraire) nous fiſmes nonante ou pres de cẽt lieuës, ſi biẽ que le 11. de Septembre de bon matin nous viſmes l’Iſle de Comoro : & encore que tout le monde ſçeuſt biẽ qu’il n’y pouuoit auoir en ce lieu d’autre Iſle à la main droite, que celle là (pour eſtre celle de S. Laurent, plus à coſté, vers le midy) toutesfois le Pilote ne pouuoit croire que ce fuſt elle, bien qu’à cauſe de ſa hauteur merueilleufe & prodigieuſe, on la puiſſe ſans point de difficulté recognoiſtre. Ceſte Iſle eſtãt comme coupée en fõd de cuue, eſt plus haute que ne ſont les mõts Pyrenées, à tout le moins que tous ceux que i’ay paſſez. Or la ligne Meridionale du Soleil que nous priſmes auec l’Aſtrolabe, nous tira hors de doute : car nous la trouuaſmes à la meſme hauteur, en laquelle ceſte Iſle eſt aſſiſe, qui eſt, ſi i’ay bonne memoire, vnze degrez & demy par delà la ligne, en l’Hemiſphere Antartitique ; ce qui nous rendit le courage, meſmement n’eſtant point attendu de nous : Et beaucoup plus quand le meſme iour, vn vent commença à ſouffler dans nos voiles ſi heureuſement qu’il nous accompagna tres-fidelement plus de huict cens lieuës, c’eſt à