Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/46

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dire, iuſques à Goa, & le huictieſme d’Octobre nous deſcouuriſmes les Indes, que nous auions recherchées par vn ſi long & difficile chemin. Or ce que vous voyez le premier, ſont des rochers que les Portugais appellent, à raiſon de leur ſeichereſſe, Ilheos queymados, c’eſt à dire, Iſles bruſlées. D’vn coſté ils ſe võt rendre à la terre ferme, & ſont diſtãs de Goa vers le Nort, d’enuirõ douze lieuës. Les Pilotes s’adreſſent ordinairement là, d’autant que s’ils alloiet plus bas que Goa vers le Midy, ils ne pourroient à cauſe du vent contraire gaigner Goa, tirãt & montant au Septentrion : & ce meſme vent eſt fauorable à ceux qui du Septẽtrion tournẽt voile deſcẽdans au Midy. Le meſme iour ſur le Veſpre, nous moüillons l’anchre afin de n’entrer dans le port pendãt la nuict. Et en ce meſme tẽps arriua vne choſe funeſte, qui rabattit vne partie de noſtre ioye, car vn des Matelots qui iettoit l’anchre, tombant dans la mer, ne fuſt iamais plus apperçeu. Le iour donc enſuiuant, leuant les anchres à la diane, nous hauſſõs les voiles droit à Goa, où nous fuſmes tout auſſi toſt enuirõnez d’vn mõde de petits batteaux, remplis de Portugais & d’Indiens, les vns venans pour nous bien-veigner, les autres pour leurs affai-