Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/49

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Ie vous laiſſe à pẽſer ce que nous deuions faire nous autres, & de tout cela ie tirois ceſte conſideration à part moy, qu’eſt-ce que peuuent faire les choeurs des Anges, & les troupes des bien-heureux venãt au deuãt de ceux qui font leur entrée en Paradis. Les ſalutations faictes, nous deſcendiſmes dans le batteau portans fort peu de choſe auec nous. Le Pere Prouincial auec le P. Recteur du College (le P. François Vieira) & quelques autres de nos Peres nous attendoient au riuage, auquel il y a vne Palmeraye, ou vn bois de Palmiers, auec vne belle maiſon & fort cõmode, qui eſt aux Nouices. Nous ne miſmes pas encore pied à terre en ce lieu là, d’autant que le P. Prouincial vint à nous, dans le nauire, lequel apres nous auoir embraſſés paternellement, & nous auoir briefuemẽt entretenus de paroles, nous feit mettre à table, nous preſentant des fruicts qu’il auoit apportés de la Palmeraye, pour nous rafraiſchir. Cependãt nous voguions touſiours, tirant droict à Goa, diſtãt de ce port de trois bõnes lieuës, & les Muſiciens faiſoient encor auſſi leur deuoir de bien chanter diuers motets & chanſons ſpiritueles, meſme en la langue du pais, car il y auoit des originaires entre les Muſiciẽs. Eſtans dõc