Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/57

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ſur des rets, à la mode du pays : car d’aller à pied, il n’eſt pas poſſible, à raiſon des grandes chaleurs. Or on eſt porté ſur les filets en ceſte ſorte, quatre portefais Indiens, qu’ils appellent en leur langue Boïs, ou bien deux, les vns apres les autres, chargẽt ſur leurs eſpaules vn baſtõ d’vne eſpece de rouſeau, fort dur & fort gros, duquel pend en bas vne certaine façon de lict de cordes, entrelaſſées comme vn retz, dans lequel celuy qui eſt porté ſe couche tout de ſon long, qui eſt vne maniere d’aller fort pareſſeuſe, mais ſi douce, qu’on peut lire attẽtiuement en allant : & de moy i’y recitois mõ Breuiaire. Les feſtes deſquelles i’ay faict mention, ſe celebrẽt auec tout l’appareil & ſolemnité poſſible, chacune en ſon temps, & chacun de nos Peres en ſa parroiſſe : en laquelle ceux qui ſont és autres parroiſſes, viennent autant qu’ils peuuent, & auec grand nombre d’Indiens, & de ceux de Goa meſme, mais ſur tout grande quãtité de Payens. Choſe qui eſt totalement neceſſaire, ſoit pour cõfirmer les nouueaux Chreſtiens en leur religion, ſoit pour y attirer les Payẽs. Les Egliſes ſont parées fort richement, ne deuans rien à celles d’Europe, en matiere d’ornement. Pour la pluſpart elles ſont au meſme lieu où eſtoient les temples