Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/58

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des Idoles, mais baſties tout de neuf ; & nos Peres ſont entretenus du reuenu de ces temples. L’on chante la veille les premieres Veſpres, & le lendemain la grãd Meſſe, auec vne belle majeſté & ſolẽnité. Car en ces villages là, la muſique tant de voix que des inſtrumẽs eſt auſſi bõne pour le moins, que celle de nos villes d’Europe. S’il faut dreſſer quelque Croix, ou faire quelque Bapteſme ſolemnel, on le faict apres la Meſſe, & l’apres-diſnée on exhibe la diſpute du Catechiſme. En quoy ces nouueaux Chreſtiens excellẽt tellement, qu’ils peuuent faire honte à nos Europeans : & ce n’eſt pas de merueille, car ils y ſont exércez de telle ſorte, que quãd ils ſeroient des Butors, encore en ſçauroient-ils beaucoup. Tous les matins au poinct du jour les petits enfans & filles vont à l’Egliſe en ceſte ordõnance. Ils ſortent chaſcun de ſa Palmeraye, en laquelle il y a d’ordinaire trois ou quatre que maiſons que familles, chantans à haute voix ; & s’en vont à l’Egliſe : où apres auoir chanté force hymnes & oraiſons, ils s’en vont adorer la croix au Cimetiere, & de là s’en retournent en leurs maiſons, en la meſme maniere, en laquelle ils en ſont partis. C’eſt vne choſe ſi ordinaire & ſi vulgaire, qu’en ce tẽps