Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/60

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jeune homme payen ſe trouua en vne de ces feſtes, en laquelle i’eſtois, lequel fut tellemẽt eſmeu de la pieté du monde qui y venoit, & de la pompe & celebrité du jour & du lieu, qu’il demanda ſur le champ d’eſtre admis au nõbre des Cachecumenes. Le Pere qui gouuernoit ceſte Parroiſſe voulut que ie le receuſſe de ceſte ſorte : Ie prins vne figue en main, & apres en auoir gouſté, ie la baillay à ce jeune homme pour la manger, comme s’il eſtoit deſia viuãt parmy les Chreſtiẽs. Apres quoy il ſe mit à genoux deuant moy, me preſentant la teſte pour luy coupper vn floccon de poil, qu’il auoit au milieu, pour marque de ſa religiõ. Ce qu’eſtãt faict, apres l’auoir embraſſé, il eſt tenu pour Cachecumene. Le Pere luy bailla mon nom, & par ce que auſſi la choſe ſe fiſt la veille de S. Nicolas. Nos Peres tiennent ceſte meſme façon és autres lieux, cõme en tout le pays de Bazain, en la prouince de Cochin, en la coſte des Malabares, de Comorin & de la Peſcherie. En ces parroiſſes de Salſete, ie trouuay vn bon vieux Pere Anglois, nõmé le Pere Thomas Eſtiẽne, & vn autre aſſez jeune qui eſtoit Lorrain, Ils eſtoient venus aux Indes auec les Italiens. On dict qu’il y a trois des noſtres qui ſont