Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

là on les peut entendre de tous les endroicts de la peninſule, car ils ſont eſpandus çà & là par toute la Salſete, ſans auoir autrement des villages, comme en Europe. Sur le veſpre ils s’aſſemblent, non pas en l’Egliſe, mais bien en quelque lieu voiſin, & chantent là fort deuotement leur Catechiſme, d’où vient que ces peuples barbares ſont ſi bien inſtruicts, & ſi doctes en leur foy, que merueille. On remarque principalement cela és confeſſions. I’en ay entendu vn bon nombre en Portuguais, de ceux qui ſçauẽt la langue, i’ay ouy la Confeſſion generale de toute la vie de quelques Brachmanes, les vns la faiſant par cœur, les autres la liſant en vn papier, mais ſi à propos & auec vn tel ordre de diſtinction qu’vn Theologien n’euſt ſçeu mieux faire. Ils ne vous laiſſent rien, que leur demãder, ie dis du tout riẽ, rien du tout, encore ne me contẽte je point aſſez par ces paroles, tant s’en faut que i’y adjouſte quelque choſe. En ces ſolẽnitez ils ſautent à la barbareſque, ils repreſentent des combats, des batailles nauales, & font autres tels exercices de paſſetẽps. Pluſieurs ſe confeſſent & ſe communient : & l’affluence du peuple eſt ſi grãde, que les Egliſes ne les peuuent tenir qu’à diuerſes fois. Vn