Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/87

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en telle ſorte qu’on ne ſçauoit qui auoit du meilleur, tant eſgale auoit eſté la partie. Le jour enſuiuant fut ſignalé, à cauſe d’vne ſanglante bataille qu’il y euſt : car le vent portant les nauires des Portugais, elles alloiẽt choquer contre celles des Hollandois, vne deſquelles eſtant ſerrée de prés par vne des Portuguais, celle du Viceroy donnant deſſus, acheua de la ruiner. Mais cõme les Hollandois ne ſe voulurent jamais rendre, on mit le feu dedans, qui en peu d’heures, le vẽt ſoufflant & l’attiſant, la conſomma tout’entierement. Il ſe perdiſt grãde quantité d’argent & de viures, ainſi qu’on a ſçeu du deſpuis. Vn autre Capitaine Portuguais aſſaillant la nauire du Capitaine Corneille la reduiſiſt en telle extremité, qu’il fut contrainct de demander treſue, & de criet mercy. Car toutes les deux nauires bruſloiẽt, & euſſent pery ſans point de doubte : mais le deſir de viure a oſté la victoire des mains. Il y en a qui accuſent ce Capitaine, d’autres diſent que la faute ne vint pas de luy, ains de quelques vns de ſes gens, qui l’abandõnerent. Ce qui eſt plus vray ſemblable. Cependant deux nauires des Portugais en auoient enuahy vne de l’ennemy, & l’auoiẽt gaignée, mais elle embraſa du feu, qui la cõſumoit, les deux