Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/88

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autres, ſans que jamais perſonne de tous ceux qui eſtoient dedans peuſt eſchapper. Ce ſpectacle fut à la verité luctueux & funeſte, pour la perte qui s’y fiſt de beaucoup de grands Capitaines & perſonnes de marque. En vne d’icelles eſtoit vn de nos Peres, lequel eſtant deſcendu dans l’eſquif auec le Capitaine, cõme l’eſquif fuſt prins on recogneuſt qu’il auoit eſté tué durant la bataille. Ce combat ne bailla à aucune des parties la victoire. Les deux jours ſuiuants on recommence le choc, auquel les Hollandois eurent touſiours du pire, de façon qu’vne nuict ils s’enfuirẽt, apres auoir eſté mal traictez & leurs nauires tellement frottez, qu’il n’y auoit point d’apparence qu’ils peuſſent plus nauiger. Or juſques icy il n’y a que de l’honneur pour les Portugais, toute la faute fuſt, qu’ils ne pourſuiuirẽt leurs ennemis. Car cõme ils fuyoiet, quelques vnes de leurs nauires demeurerent à ſec, leſquelles euſſent ſans point de doubte eſté priſes, ſi le Viceroy euſt pourſuiuy les ennemis : mais la mer eſtant remontée, ils retirerent leurs nauires aſſablées. Or le Viceroy penſant auoir tout acheué, s’en va à Malaca, où ayant loüé hautement le Gouuerneur qui l’eſtoit venu receuoir ſortant à terre, il print vn cõſeil mal