Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

heureux, qui fuſt de diuiſer ſon armée cõme il fiſt, en laiſſant la moitié au port de Malaca, & enuoyant l’autre moitié au ſecours des nauires qu’on attendoit des Indes. Le Capitaine Corneille n’eſtoit pas guiere loin de là, qui ſe monſtra à la verité vn braue homme au dire meſme des Portugais (encore loüe-on la vertu aux ennemis) & ſurpaſſa de beaucoup le Capitaine Paul, qui aſſiegea le Moſambic. Il s’eſtoit arreſté au haure du Roy de Ior, l’vn des principaux Princes qui auoit conjuré cõtre Malaca. Si toſt donc qu’il entendiſt que la flotte eſtoit diuiſée, ſans faire du fol ny de l’eſtourdy, s’en retourne fort bien à Malaca. Là eſtoit arriué de fortune Dom Ferdinand Maſcaregnas, l’un de ces Capitaines que nous auons dict tãtoſt, qui n’eſtoit pas en l’armée, dont il ſe ſentoit deshonnoré. Au moyen de quoy, ſans attendre le cõmandement, il faict marcher ſon nauire cõtre l’ennemy. Le Viceroy preuoyant le danger, enuoye promptement ſon frere Dom Pierre Maſcaregnas vn autre fort honneſte Capitaine, pour l’en deſtourner, mais il ne gaigna rien. Ce que voyant il ſe delibere, que puis qu’il ne pouuoit aider ſon frere par conſeil, il l’aideroit de ſa force, & entre pour mourir dans la nauire, laquelle