Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/93

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Juſqu’icy s’eſtendent les limites de la Prouince de Cochin, de laquelle nous paſſerons au Japon & à la Chine. Le P. Alexãdre Valignã, qui auoit eſté l’eſpace d’vn bon nombre d’années Viſiteur de ceſte Prouince, eſt decedé au grãd dõmage de tous ces païs, C’eſtoit vn hõme incõparable, au iugement nõ ſeulemẽt de tous les noſtres, mais encore des eſtrangers, ſoit que vous regardiez ſon zele, ſoit que vous conſideriez ſa prudence : on luy doit, apres Dieu, l’entrée de nos Peres en la Chine. Or au Iappon il y a du moins 200. des noſtres, & des Chreſtiens iuſqu’à ſept cens mille. Ce Royaume iouït d’vne heureuſe paix contre la couſtume de ce païs, dequoy ſont participans les Chreſtiens, qui pour parler vniuerſellement ſont aſſez en repos, bien qu’ils n’ayẽt pas faute d’occaſion d’endurer parmy les particulieres perſecutions de quelques Roitelets, eſquelles ils ont conſtamment confeſſé la foy de noſtre Seigneur, iuſqu’à l’effuſion de leur ſang : au nombre deſquels il y a eu des gentilshommes : mais le plus remarquable a eſté ce bon aueugle, dont vous auez ouy ſouuẽt parler, il s’appelloit Damien, lequel quand le Pere euſt eſté chaſſé & banny de ce païs là par le Roytelet, faiſoit en partie ſon office tout