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QUESTIONS IMPORTANTES
SUR LE COMMERCE,
À L’OCCASION
DES OPPOSITIONS AU DERNIER BILL DE NATURALISATION[1].
PAMPHLET ÉCONOMIQUE DE JOSIAS TUCKER,
TRADUIT ET ANNOTÉ PAR TURGOT[2].


Section I. — Questions préliminaires sur les préjugés du peuple, sur les termes d’étranger et d’Anglais, sur les services que les étrangers ont autrefois rendus au commerce de cette nation.

I. Si les préjugés populaires doivent être regardés comme la pierre de touche de la vérité ? Si ce n’est pas de cette source que sont venues les plus vives oppositions contre l’établissement de la tolérance chrétienne dans les trois royaumes, contre la plantation des haies et la

  1. Des protestants étrangers.
  2. Hume et Tucker sont les deux premiers écrivains qui se soient élevés, en Angleterre, au-dessus des théories du système mercantile. Le dernier, qui n’est mort qu’en 1799, a laissé un assez grand nombre d’écrits économiques, dont le moins remarquable n’est pas l’opuscule traduit, et publié en 1755, par Turgot. Il se distingue par un fond d’idées très-justes en général, et relevées, d’une manière fort piquante, par la concision et l’originalité de la forme. L’auteur y agite, en outre, une des questions les plus controversées aujourd’hui, celle de savoir si une population nombreuse doit être considérée comme un bien ou comme un mal ; et le sens dans lequel il la résout porte à croire que, si l’âge ou la mort n’eût arrêté sa plume, il aurait servi de second à William Godwin dans la guerre contre Malthus*.

    Tucker entretenait des relations suivies avec Turgot et quelques autres économistes du dix-huitième siècle. Il a même eu l’honneur d’être traduit deux fois par notre illustre concitoyen, car l’on peut voir, dans la correspondance qui termine la collection des œuvres du dernier, une lettre où Turgot annonce à l’auteur anglais la publication prochaine d’une brochure de celui-ci sur les guerres de commerce. Il ne paraîtrait pas toutefois que ce travail, qui n’attendait plus que des notes, ait vu le jour, et le premier éditeur de Turgot ne parle même pas du manuscrit. (E. D.)

    *. L’Essai sur le principe de la population ne parut qu’en 1798.