Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/641

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roi, en annonçant le projet de réformer le système de la taille tarifée, autorise par provision pour trois ans le système de répartition établi, et les anciennes estimations, et pourvoit en même temps aux mesures nécessaires pour en donner aux officiers des élections une connaissance juridique. Quoique cette déclaration ne soit que provisoire, vous savez que la Cour des aides aurait fait des difficultés sur l’enregistrement, si le terme n’en eût été fixé à trois ans.

Vous proposer cette déclaration, c’était m’offrir à un très-grand travail, et je vous avoue, monsieur, que si j’avais connu alors aussi distinctement qu’aujourd’hui l’excès de désordre dans lequel était ce système de taille tarifée depuis son établissement, et l’immensité du travail nécessaire non-seulement pour perfectionner l’opération à l’avenir, mais pour tirer de la confusion le système actuel, je n’aurais peut-être pas eu le courage de l’entreprendre. Quoique je me fusse convaincu par moi-même de la nécessité de remédier à beaucoup d’abus, il m’était impossible d’imaginer le chaos dans lequel était plongée toute cette partie de l’administration. J’ose dire que le travail que j’ai fait est déjà excessif, et presque au-dessus de mes forces ; j’envisage avec effroi, quoique pas tout à fait avec découragement, celui qui me reste à faire ; mais je n’en sens que plus vivement la nécessité absolue, si l’on veut établir dans cette province une répartition juste, lui sauver le retour à la taille arbitraire, et remplir l’engagement pris avec la Cour des aides. Je n’ai point encore pu vous présenter un plan rédigé et combiné dans toutes ses parties, du travail nécessaire pour réformer définitivement et les règles de la répartition, et les estimations qui lui servent de base, quoique je m’en sois déjà beaucoup occupé. Jusqu’à présent, le fort de mon travail a roulé sur la vérification des anciens rôles, et des relevés d’arpentements qui doivent être déposés aux greffes des élections pour constater les propriétés de chaque contribuable, ce qui ne regarde encore que l’ancien système et l’exécution de la déclaration du 30 décembre. Les difficultés sont tellement multipliées, que je n’ose vous promettre que tout soit parfaitement en règle cette année, et que je ne puis en répondre qu’au département des rôles de 1764. J’ai en même temps pris des mesures pour être instruit de tous les détails qui pourront me mettre en état de former le plan de l’opération définitive.

Telle est, monsieur, la circonstance où je me trouve. J’ai com-