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Le marreau no 2, qui n’a que deux fleurs de lis, est reçu par le boulanger pour un quart de tourte ou 5 livres.

Enfin, le no 1 ne vaut qu’une livre de tourte, et ne sert que pour les appoints.

Les marques qui certifient le nombre des voyages sont d’une forme ; différente, et ne peuvent être confondues avec les marreaux.

Le subdélégué, ou le commissaire de l’atelier, fait avec un boulanger voisin un marché pour qu’il cuise la quantité de pain nécessaire au nombre d’ouvriers qui s’y réunissent, et qu’il le leur délivre pour des marreaux ; et, en rapportant ces marreaux au caissier, le pain dont ils constatent la fourniture est payé au boulanger selon le prix qui a été arrêté avec lui, conformément à celui du grain.

Afin que ce marché ne dégénère pas en privilège exclusif, qui pourrait autoriser des infidélités ou des négligences dans la fourniture, les ouvriers sont libres de prendre leur pain chez le boulanger qui se tient à portée, ou chez tout autre boulanger qui les accommoderait mieux ; et tout boulanger qui rapporte des marreaux à l’atelier est payé par le caissier de la quantité de pain qu’il a donnée pour eux, au même prix et sur le même pied que celui avec lequel le marché fondamental est fait.

Cette liberté de concurrence contient le boulanger principal dans son devoir.

Indépendamment du pain, et pour procurer au peuple diverses subsistances qui varient ses jouissances, ce qui est utile à la santé, et dans les temps de calamité lui fait supporter son infortune, on a établi, à portée des ateliers, des cuisines où l’on accommode, d’une manière économique, différentes espèces de soupes composées de riz et de carottes, de raves, de citrouilles, de fèves et de pommes de terre, où l’on a pu s’en procurer.

On a calculé qu’une chopine de cette soupe nourrit à peu près autant et coûte à peu près autant qu’une livre de pain. On en délivre pour des marreaux sur ce pied, et les marreaux rendus par les entrepreneurs de ces cuisines leur sont remboursés de même en argent.

Mais on ne rembourserait en argent aucuns marreaux ni aux cabaretiers, ni à aucun particulier, parce que leur objet est d’assurer la subsistance des familles, dans un temps de calamité, contre les dangers de l’inconduite, consolation trop fréquente de la misère habituelle.