Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/493

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de toute communication, ont été préservés du mal. Ce fait, qui est constant, donne lieu de se flatter que cette peste est étrangère au royaume, et qu’elle y a été introduite par des cuirs arrivés par mer à Bayonne.

Il suit de là que si, dans une paroisse où la contagion a pénétré, l’on tue sans exception toutes les bêtes malades, si on les brûle ou si on les enterre avec leurs cuirs et leurs cornes, de façon à empêcher que leurs cadavres ne deviennent une nouvelle source de contagion ; si l’on éloigne de toute communication les troupeaux où il n’y a point eu de bêtes malades ; si l’on tient renfermés dans des étables particulières les bêtes encore saines, retirées des étables où il y a eu des bêtes malades, et si l’on a soin de les tenir ainsi séparées des autres bêtes saines jusqu’à ce qu’on se soit assuré, par un temps assez long, qu’elles n’ont point contracté la maladie ; si on purifie les étables où il y a eu des bêtes malades, avec les précautions les plus sûres et dont l’efficacité est reconnue en pareil cas, l’on parviendra à éteindre entièrement le mal dans cette paroisse, au point qu’on pourra la repeupler de bestiaux sains, sans craindre d’exposer ces nouveaux venus à la contagion.

L’expérience a confirmé ce raisonnement ; la maladie s’est montrée dans plusieurs paroisses du Périgord, où elle a été éteinte tout de suite par la sage précaution qu’on a prise de tuer sur-le-champ toutes les bêtes malades, et de désinfecter les étables. De même la contagion n’a fait aucun progrès en Languedoc, quoiqu’elle se soit montrée dans plusieurs paroisses assez éloignées les unes des autres, et cela parce qu’on n’y a pas perdu un moment à prendre toutes les précautions nécessaires pour en éteindre tous les germes.

Il est donc clair qu’en faisant à la fois, dans le plus grand nombre de paroisses qu’il sera possible, toutes les opérations exécutées avec succès pour désinfecter quelques paroisses du Languedoc et du Périgord, et en continuant d’opérer ainsi successivement sur toutes les paroisses qui sont ou qui ont été infectées dans l’étendue des provinces affligées de la maladie, l’on peut se flatter de purger entièrement le royaume de ce fléau.

C’est le but des mesures que Sa Majesté a prescrites, et qui vont être expliquées.

Le cordon de troupes qui a été formé jusqu’à présent sous les ordres de différents commandants pour circonscrire les provinces ac-