Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/494

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tuellement affligées de la maladie, et garantir, s’il est possible, de la communication les provinces intactes, doit subsister pour continuer à remplir le même objet.

Outre ce premier cordon, il en sera établi d’intérieurs à quelques distances pour couper la communication entre des villages renfermés dans l’intervalle des deux cordons et le centre des provinces attaquées, afin qu’on puisse désinfecter à la fois tous les villages compris dans cet intervalle, sans avoir à craindre qu’une contagion nouvellement introduite vienne croiser les opérations.

Voici comme on procédera à cette désinfection.

Il sera envoyé, dans chacune des paroisses comprises dans l’intervalle qu’on aura entrepris de purifier, un détachement de soldats suffisant pour, avec les paysans qui pourront être commandés, exécuter toutes les opérations prescrites par l’instruction composée par le sieur Vicq-d’Azir, et imprimée par ordre du roi pour la purification des paroisses. Ce détachement sera accompagné d’une personne experte, soit élève de l’École vétérinaire, soit chirurgien, soit maréchal, suffisamment instruite pour reconnaître les bêtes malades et exécuter tous les procédés indiqués par le sieur Vicq-d’Azir. Il sera nécessaire qu’il y ait aussi une personne chargée des instructions de l’intendant ou du subdélégué pour donner les ordres convenables aux officiers municipaux, et pour faire payer sur-le-champ aux propriétaires le tiers de la valeur des bestiaux qu’on sera obligé de sacrifier.

On visitera toutes les étables et tous les bestiaux de la paroisse, sans exception, avec les précautions indiquées pour n’occasionner aucune communication entre les bêtes saines et les bêtes malades.

On fera tuer sans délai tous les animaux attaqués ; on les fera enterrer sur-le-champ, après avoir fait taillader les cuirs dans des fosses assez profondes pour que non-seulement les animaux voraces ne puissent entreprendre de les déterrer et d’en emporter les chairs, mais encore pour que les émanations putrides qui s’en exhaleraient ne puissent répandre la contagion. Le plus sûr sera de mettre dans les fosses, avec les cadavres, une assez grande quantité de chaux vive pour que les chairs soient promptement consumées.

On aura soin de faire séparer les bêtes saines, de faire enfermer à part celles qui auront communiqué avec les malades, pour être gardées en quarantaine jusqu’à ce qu’on soit assuré qu’elles n’ont pu