Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/551

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propres besoins par ses propres forces. L’individu qui peut travailler, et peut trouver du travail, n’a rien à demander à personne.

S’il tombe dans un besoin qui excède réellement ses facultés, c’est à ses plus proches, à ses parents, à ses amis auxquels sa situation et ses mœurs sont bien connues, qu’il doit s’adresser avant de recourir à toute autre assistance ; et ses parents, ses amis ne doivent être autorisés à invoquer le public qu’après avoir fait eux-mêmes ce qu’ils peuvent en sa faveur.

Cette marche, sire, doit être suivie depuis le plus simple particulier jusqu’aux provinces demandant vos bienfaits ou ceux de l’État qui vous est soumis.

Ainsi le pauvre et l’infirme seront présentés à leur commune par des amis ou des protecteurs qui leur auront déjà donné quelque soulagement, et s’engageront à fournir leur quote-part de ce que la municipalité accordera de surplus.

Il en sera de même de la paroisse demandant l’appui de son arrondissement, si c’est pour un travail public qui l’intéresse, ou dans le cas d’une calamité, si elle n’a pas frappé sur la totalité de ses citoyens.

Et de même d’un arrondissement qui voudra s’adresser à la province.

De même enfin d’une province qui sollicitera les autres ou voudra les exciter à quelque dépense utile.

Le besoin doit arriver à la puissance suprême, affaibli de tous les efforts que les intéressés ont faits afin d’y subvenir, et accompagné de leur soumission expresse de concourir avec les autres, et dans la même proportion, au complément du secours réclamé.

C’est le moyen simple et noble de graduer les dépenses en raison de l’intérêt que peuvent y avoir ceux qui les proposent, de les contenir dans des limites raisonnables, de les rendre moins onéreuses au public, de faire que leur sollicitation ne soit jamais avilissante.

Revenons, sire, aux travaux des municipalités.

On serait d’abord obligé de faire un peu arbitrairement le département entre les provinces, et l’on prendrait pour règle de s’écarter le moins que l’on pourrait de l’état actuel. — Mais, à la seconde année, les paroisses ayant eu le temps de distribuer dans leur intérieur les voix de citoyen, ayant envoyé, par leurs députés aux assemblées de district, copie de leurs registres, dont celles-ci auraient