Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/843

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celui qui exige la corvée. S’il s’agissait au contraire de corvées pour le service de l’État, la question deviendrait la même qu’en France.

Il se pourrait aussi que la proximité de votre retour mît obstacle à l’arrangement que j’avais pris pour me procurer la suite des Mémoires de Berlin, que M. de Lagrange devait vous adresser à Cassel pour moi. Mais peut-être ces livres vous sont déjà parvenus, auquel cas il n’y a aucune difficulté ; s’ils ne l’étaient pas, je vous prierais de charger quelqu’un de les retirer pour vous, et de me les faire passer.

M. Dupont va en Pologne élever les enfants du prince Czartorinski ; on lui fait un sort très-avantageux, mais il faut qu’il s’expatrie pendant douze ans.

L’homme de lettres qui a le dessein de traduire la Formation des richesses, me fait plus d’honneur que je n’en mérite. Mais, s’il veut prendre cette peine, je ne puis qu’en être très-flatté. En ce cas je le prierai de faire, dans le corps de l’ouvrage, un retranchement nécessaire, et qui forme double emploi avec mon Mémoire sur l’usure. J’avais prié M. Dupont de le retrancher, mais il n’a pas voulu perdre trois pages d’impression. Ce qu’il faut retrancher, c’est le paragraphe 75, page 117, qu’il faut retrancher en entier, en changeant les chiffres des paragraphes suivants. Cette discussion théologique interrompt le fil des idées ; elle était bonne pour ceux à qui je l’avais adressée. Si le traducteur veut conserver ce paragraphe, il faut le mettre en note au bas des pages, avec un renvoi au dernier mot du paragr. 74, en retranchant le titre du paragr. 75. Il y a beaucoup de fautes d’impression qu’il faut avoir soin de corriger avant de traduire Il n’y aurait pas de mal non plus à le faire précéder d’un Avertissement, pour dire que ce morceau n’a point été écrit pour le public ; que ce n’était qu’une simple lettre servant de préambule à des questions sur la constitution économique de la Chine, adressées à deux Chinois, auxquels on se proposait de donner des notions générales pour les mettre en état de répondre a ces questions ; et que, cette lettre ayant été confiée par l’auteur à M. Dupont, auteur des Éphémérides du citoyen, il l’a fait imprimer dans son journal. Quant au morceau sur la versification allemande, il a réellement besoin de plusieurs changements considérables, et si votre ami persiste à me faire l’honneur de le traduire, il faut absolument que je fasse ces changements.

La réception de l’abbé Delille à l’Académie française est retardée par la maladie du roi. Le sujet de son discours est l’éloge de La Condamine. Je crois qu’il aura du succès, mais il en aura difficilement autant que M. de Condorcet, qui a traité le même sujet à l’Académie des sciences.

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Tout ce que vous me dites de la vie heureuse que vous menez me fait le plus grand plaisir. Vous aurez les mêmes agréments à Naples, et peut-être plus grands encore par la beauté du climat.

Adieu, mon cher Caillard, comptez toujours sur mon amitié. M. Desmarets et M. Delacroix vous font mille compliments. Je vous prie de me rappeler au souvenir de M. de Vérac, de lui faire tous mes compliments sur sa destination nouvelle, si elle se réalise. Le bonheur qu’il vous procure me fait prendre intérêt au sien.

Je ne finis ma lettre que le 10 mai. Le roi était hier et ce matin à la dernière extrémité. À onze heures et demie, je n’ai point encore nouvelle de sa mort. On ne peut former aucune conjecture sur l’avenir.