Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/127

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rait dans la maison sans s’arrêter pour me parler ; il lui fallait pour cela passer devant moi par la grande porte ; pour éviter qu’il m’adresse la parole je pris moi-même l’air d’un étranger. Cela réussit quelquefois.

Je vis cet homme très nettement au moment où il était à dix pas de la porte et à vingt-cinq de moi, puis subitement il disparut. Je demeurai aussi médusé que si j’avais vu une église s’éclipser en un clin d’œil pour faire place à un terrain vague. J’étais ravi de ce phénomène, car à n’en pas douter, je venais d’assister à une apparition ; je l’avais vue de mes propres yeux, vue, et au grand jour. Je me promis d’en rendre compte à la Société. Je courus à l’endroit où j’avais d’abord vu le spectre, puis à l’autre bout du porche et regardai tout autour de moi. J’acquis la certitude absolue que je me trouvais bien en présence d’une apparition. Il ne me restait plus qu’à consigner le fait pendant qu’il était encore frais à ma mémoire. Ravi de ma découverte, je me dirigeai vers la maison. Lorsque je pénétrai dans le vestibule, mon cœur cessa de battre et ma respiration s’arrêta. Je vis l’homme qui m’était apparu, assis sur une chaise, seul, aussi calme et aussi paisible que s’il s’était installé là pour un temps indéfini. L’ébahissement