Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/128

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m’empêcha de parler ; je me ravisai et lui demandai ;

— Êtes-vous entré par cette porte ?

— Oui.

— Avez-vous ouvert la porte vous-même ou avez-vous sonné ?

— J’ai sonné, et le nègre est venu m’ouvrir !

Je pensai en moi-même : — C’est bien étonnant. Il faut à Georges deux minutes pour répondre à la porte lorsqu’il se presse, et je ne l’ai jamais vu se dépêcher. Comment cet homme est-il resté deux minutes à la porte, à sept pas de moi, sans que je l’aperçoive ?

Sans la question de la dame : — Avez-vous eu une vision — à l’état de veille ? j’aurais cherché jusqu’à ma mort la solution de cette énigme. Tout s’explique maintenant. Évidemment, ce jour-là, j’ai été endormi soixante secondes, ou du moins inconscient sans m’en douter. Dans cet intervalle, l’homme a passé près de moi, sonné, attendu là, puis il est entré et a fermé la porte ; je ne l’ai pas vu, pas plus que je n’ai entendu la porte se fermer.

Si, pendant cette minute d’absence mentale, il s’était caché dans la cave (il avait largement le temps de le faire) — j’aurais fait part de cette