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oignons, de la verroterie et des anneaux de fer et de cuivre ; peuvent céder quelques nègres, vieux ou jeunes, mâles ou femelles[1]. »

Souvent, il y a dans cette région plus de deux mille Djellabas. Tout aventurier de cette espèce monte à âne et y passe la moitié de son existence[2]. Si nous en croyons Schweinfurth, on ne voit pas plus l’un de ces petits marchands sans son âne qu’un Samoyède sans son renne. Outre le cavalier, la bête porte au moins dix pièces de cotonnade ; si elle survit au voyage, elle est troquée contre un ou deux esclaves. La charge vaut trois fois autant, d’où il résulte que l’homme au baudet, arrivé sans autre chose que sa monture et vingt-cinq dollars de calicot, se trouve en possession d’au moins quatre esclaves qu’il peut vendre à Khartoum deux cent cinquante dollars. Il revient à pied, faisant porter ses bagages et ses vivres par sa nouvelle marchandise.

« Mais en dehors de ces détaillants, à qui le trafic de chair humaine est aussi naturel que l’usure à un juif polonais, il y a les gens de haut négoce, gens riches, qui, à la tête d’une force armée nombreuse et d’ânes pesamment

  1. Op. cit.
  2. Le chameau, ne résistant pas longtemps à l’influence du climat, est peu employé comme moyen de transport.