Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/102

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ment pour un court laps de temps, ceux-ci ont bien moins d’intérêt à la propriété commerciale du maître que les esclaves en chef, et la distance qui sépare souvent les petites zéribas du grand comptoir ne permet pas de les surveiller.

Les traitants le savent bien et recherchent de préférence ces petits endroits où ils trouvent d’amples provisions de garçonnets et de fillettes que l’agent leur vend sans scrupule, oubliant qu’en leur qualité de vassaux, ces enfants font partie du domaine dont eux, vékils, sont les gérants.

Empruntons les lignes suivantes à Tremeaux[1]  :

« … A la suite du convoi venaient quelques Djellabas : ceux-ci conduisaient principalement des femmes et des enfants. Les pauvres créatures, étant plus faibles, les liens étaient moins rigoureux ; quelques-unes étaient placées sur des charges de chameaux, d’autres cheminaient et même portaient quelques effets. Mais ce qui était surtout pénible à voir, c’était l’expression des sentiments dont étaient empreints les visages de ces pauvres créatures. Elles jetaient de temps en temps des regards désolés sur les montagnes natales qui allaient bientôt dis--

  1. Voyage au Soudan Oriental ; — Tour du Monde, 1866, 2e semestre, p. 152-192.