Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/103

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paraître pour jamais. Ah ! quelle tristesse ! quels regrets ! Les enfants seuls pouvaient les manifester par des larmes que venaient refouler la menace et, au besoin, la kourbache[1] du Djellab. Quant aux autres, nous n’essaierons pas de peindre leur douleur, les paroles sont trop froides pour de telles situations. »

Notre compatriote vit, sous ses yeux, un Djellab arracher violemment à sa mère une cédaci (jeune fille) que l’amour filial avait portée à s’enfuir. La malheureuse, se tordant par des mouvements convulsifs, garrottée et bâillonnée, fut hissée derrière un chameau et attachée par son ravisseur comme un simple colis !

« Au moment où je me disposai à m’éloigner, écrit-il, je vis la pauvre mère se redresser tout

  1. La Kourbache ou fouet des Djellabas, est formée par une lanière étroite de la peau de l’éléphant, ou mieux encore par un nerf spécial de ce pachyderme. Ce nerf, de la grosseur du pouce, est taillé à la longueur d’environ quatre pieds, arrondi et proportionnellement aminci, de manière qu’à son extrémité, qui est un peu aplatie, il soit réduit à une grosseur moindre que celle du petit doigt. Ces fouets ne se brisent jamais et laissent dans les chairs des sillons sanglants, vivement coupés.
    Le mot Kourbacha est d’origine turque, en Arabe qerbaj, pluriel qrabej ; Égyptien, kourbag ; Syrien, karbatch ou krobatch. C’est l’origine de cravache, empruntée au mot karbatsche que les Allemands ont pris aux Turcs.