Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tête. » Les malheureux esclaves entrent en ville pendant la nuit.

Les Filanis (Musulmans), à qui appartient toute la rive droite du Binoué ou Bénué[1], font le commerce des esclaves et considèrent cette institution comme sacrée.

Il y a longtemps déjà que Burton dénonçait les Flibustiers de Zoungomero[2] « qui, le sabre ou la lance au poing, l’arc tendu ou le Fusil sur l’épaule, s’établissent dans les maisons, prennent les femmes et les enfants, s’emparent de tout, mettent le feu aux villages et vendent les habitants à la première caravane qui passe. On est sur le sentier de la traite et, quel que soit le degré de misère des indigènes, le voyageur ne peut pas leur témoigner sa pitié ; il ne trouve d’aliments à aucun prix ; s’il n’entre de vive force dans une case, il restera sans abri malgré l’orage ; s’il ne brûle et ne pille, il mourra de faim au milieu de l’abondance ; s’il n’impose pas de corvée, on ne lui prêtera nul secours. »

Nous ne saurions trop nous élever ici contre la manière d’agir de Burton. Stanley aussi a cher-

  1. Le Bénué, grand affluent du Niger, au nord de la Guinée.
  2. Afrique Orientale, à l’ouest de l’Océan Indien, au sud-ouest de Bagamoyo.