Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/118

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sils furent tirés précipitamment contre le borna ; l’un des assaillants tomba, percé d’une balle, à Tune des portes de la palissade.

Le matin, Giraud fut réveillé par de longs cris poussés par la multitude : « La petite cour placée devant le tombé était pleine de monde, dit-il. Au centre d’un cercle, la tète du malheureux, sciée à coups de couteau, était plantée sur un piquet à un pied de terre et la foule en délire se livrait autour de ce trophée à une ronde échevelée sous une pluie battante. De temps à autre une femme, un enfant, sortait du groupe, s’approchait de cette tète livide, lâchant une ignoble plaisanterie, puis rentrait dans la ronde au milieu d’un hourra frénétique. Comme j’arrivais, une vieille négresse, au torse nu, venait de la saisir par les cheveux, un instant elle la balança à bout de bras, puis la lança à quelques pas, où elle bondit avec de sanglantes éclaboussures. Et la foule de se ruer en rugissant. « Les enfants s’amusent ! » me dit Makutubu, qui regardait la scène d’un œil paterne, sous un vieux parapluie en grosse toile huilée » [1].

Les Mandingues, qui habitent sur les bords du Haut-Niger, achètent de deux à quatre

  1. Op. cit.