Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/133

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deux, et jusqu’à trois ou quatre de ces malheureuses qui composent le harem de Mtésa ? Une corde roulée autour du poignet, traînées ou tirées par le garde du corps qui les conduit à l’abattoir, ces pauvres créatures, les yeux pleins de larmes, poussent des gémissements à fendre le cœur : « Hai, minangé ! (mon seigneur !), « Mkama ! (mon roi !) Hai ri gawia (ma mère !), » et malgré ces appels déchirants à la pitié publique, pas une main ne se lève pour les arracher au bourreau, bien qu’on entende çà et là quelque spectateur préconiser à voix basse la beauté de ces jeunes victimes sacrifiées à je ne sais quelle superstition ou quelle vengeance…

« Quand un Mkungu[1], dont la fille est jolie, a commis quelque faute, il peut céder cette fille au roi pour éviter d’être puni ; que quelque souverain du voisinage ait une fille assez bien douée pour que le roi de l’Ouganda la désire, il devra la livrer à titre de tribut. Les Ouakungu reçoivent leurs femmes de la main du monarque, selon leurs mérites ; et ces femmes sont ou des captives faites à la guerre, ou des épouses d’officiers récalcitrants. Cependant la femme ne constitue pas ici, en général, une propriété, bien que des pères échangent souvent leurs

  1. Mkungu, pl. Ouakungu : chef ou noble.