Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/136

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leur pauvre sœur. Plus elles imploraient sa merci, plus semblait s’exalter sa brutalité naturelle, jusqu’à ce qu’enfin, s’armant d’une espèce de massue, il en voulut frapper à la tête sa malheureuse victime…

« J’avais le plus grand soin, jusqu’alors, de n’intervenir dans aucun des actes arbitraires par lesquels se signalait la cruauté de Mtésa, comprenant du reste qu’une démarche de cet ordre, si elle était prématurée, produirait plus de mal que de bien. Il y avait toutefois dans ce dernier excès de barbarie quelque chose d’insupportable à mes instincts britanniques, et lorsque j’entendis mon nom (Mzungu !) prononcé d’une voix suppliante, je m’élançai vers le roi, dont j’arrêtai le bras déjà levé, en lui demandant la vie de cette femme. Il va sans dire que je courais grand risque de sacrifier la mienne en m’opposant ainsi aux caprices d’un tyran ; mais dans ces caprices mêmes je trouvai mon salut et celui de la pauvre victime. Mon intervention, par sa nouveauté hardie, arracha un sourire au despote africain, et la prisonnière fut immédiatement relâchée[1]. »

Plusieurs années après le voyage de Speke,

  1. Les Sources du Nil. Tour du Monde, 1864, 1er semestre, p. 274-384.