Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/162

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comme des objets volés, les noms les plus édifiants : Allagâbo, par exemple, (présent d’Allah ou Dieudonné !) blasphème horrible, dont ils accompagnent Ses traitements que le dernier de nos balayeurs n’infligerait pas à un chien. Dans un de leurs convois se trouvait un pauvre Mittou ayant à peine la force de se soutenir et de traîner la fourche qui le tenait à la gorge. Un matin que j’allais à mon potager, ce qui m’obligeait à passer devant les maisons des susdits personnages, je fus arrêté par des clameurs qui me détournèrent, et vis une scène que ma plume ne retrace qu’en frémissant. Le pauvre Mittou, près d’expirer, était traîné hors d’une case et on le fouillait pour voir si oui ou non il était mort ; les clameurs étaient les imprécations de ses pieux bourreaux : « Le « chien maudit vit encore ! Ce païen ne mourra « pas ! » et les enfants de leur suite — cet âge est sans pitié — jouaient à la boule avec ce corps tordu par la suprême agonie. Toute créature humaine, à défaut de cœur, eût été remplie d’épouvante par ces yeux horriblement convulsés : loin d’être émus, les fakis me répondaient que c’était une feinte et que ce misérable n’attendait, pour fuir, que le moment où on ne l’observerait pas. Telle est l’histoire du crâne qui, dans ma collection, porte le