Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/163

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numéro 36 ; tels sont les actes perpétrés en face de la mort par ces hommes qui se posent. comme les piliers de la foi, les modèles des Croyants ! Et dans leur candeur, nos missionnaires, les plus honnêtes gens du monde, sont dupes de la piété de ces gredins ; ils les mettent à leur niveau et discutent avec eux sur le dogme, alors que la question est de pure moralité ; l’histoire du Mahométisme n’est partout que celle du mal[1]. »

Mage assiste au combat de Toghou, livré aux Bambaras et gagné par Ahmadou, sultan de Ségou[2] :

« On avait fait, dit-il, des prisonniers qui semblaient hébétés et fous de terreur… En rejoignant Ahmadou, je vis devant lui deux corps sans tête, étendus sur le ventre, avec les articulations coupées et un coup de sabre en travers sur les reins, qui avait entamé l’épine dorsale. Ces mutilations avaient été faites après coup. Mais je ne passai pas la journée sans avoir l’atroce spectacle d’une exécution, et ce souvenir restera gravé dans ma mémoire. J’en vois encore les moindres détails. C’était un jeune Sofa de Mari qu’on avait retiré

  1. Op. cit.
  2. Soudan Occidental, à l’est de la Sénégambie, sur le Haut-Niger.