Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/179

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crable trafic, devenu inculte et inhabité ; les malheureux habitants, dispersés dans les bois, guettent désormais d’un œil inquiet et avec des sentiments hostiles le passage du voyageur et des caravanes.

La traite et l’esclavage subsistent toujours sur les bords du Tanganyika. Mistress Hore (femme du capitaine Hore, ingénieur en chef et commandant de la marine des Missions anglicanes, sur les lacs du Centre Africain), raconte que près de Mpwapwa[1], à une soixantaine de lieues de la côte, elle aperçut çà et là des choses noires le long de la route. C’étaient des corps morts et desséchés ; des corps de nègres qui étaient tombés là de faim et de fatigue et que les coups de fouet n’avaient pu relever. Les Arabes qui amènent les chaînes d’esclaves de l’intérieur ne prennent aucun soin pour conserver la vie de ces malheureux. Leur calcul est fait ; il y a paraît-il, plus de profit à les conduire à marches forcées et presque sans nourriture qu’à leur donner à manger et à les ménager. Il en meurt beaucoup, mais qu’importe si le bénéfice à faire sur ceux qui survivent dépasse la perte à subir sur ceux qui succombent. C’est le même calcul que l’on applique

  1. Mpwapwa ou Mpouapoua, au pied et à l’ouest de la chaîne du Rousokoua, avant d’arriver au Souhoua.