Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dévorer. Ce qui reste du bœuf, après avoir été exposé devant Ifa et en avoir touché les lèvres, est cuit et mangé par les gens du palais. Un bouc est offert au fétiche particulier de Messi.

« L’immolation des victimes ne rendit point la santé au malade. L’ouisegan et le baba laouo connaissaient les véritables causes du mal ; mais ils se gardèrent bien de dire à Sa Majesté de s’abstenir de boissons enivrantes.

« Enfin, on appelle un marabout. Enveloppé dans un large burnous blanc, ayant, au côté, un long chapelet, et, à la main, un rouleau de papier où sont tracés quelques caractères arabes, il arrive gravement et se place en face du malade. Après avoir prononcé quelques mots inintelligibles, il dit que, en s’abstenant de boire de l’eau-de-vie. Sa Majesté guérirait, sinon elle était infailliblement perdue.

« Les fumées de l’ivresse passées, Messi, loin de suivre le sage conseil du marabout, s’empressa de s’administrer une forte dose de tafia. Le mal empira et la mort devint imminente.

« Le huégan fit alors renfermer, dans un lieu séparé, les femmes et les esclaves du roi, afin qu’ils ne fussent pas témoins de sa mort et n’éveillassent point, par leurs cris, les soup-