Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/193

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à Porto-Novo, il y a quelques années. Nous en empruntons le lugubre récit à deux personnes dont le témoignage est hors de conteste.

« Porto-Novo, 19 décembre 1874.

« Le Roi Messi, plongé dans une ivresse presque continuelle, ne pouvait vivre longtemps. Son état d’abrutissement était tel que, devenu incapable de lever la tête, il rampait comme une brute dans son appartement.

« Un jour, il fut trouvé ivre-mort. D’après un usage du pays, on arrose l’homme ivre avec de l’eau froide pour « rafraîchir son cœur », disent les noirs. Le roi reçut, devant sa porte, cette humiliation. Mais ce traitement ne réussit point, et Messi, étendu sur sa natte, enfla d’une manière horrible.

« Aussitôt, le huégan (chef du palais), fait appeler un ouisegan, sorte de médecin qui mêle les féticheries aux remèdes naturels. Un prêtre d’Ifa (baba laouo) accourt en toute hâte. Il se recueille et interroge le fétiche sur le sort réservé au roi. L’oracle répond que le roi guérira si Ton immole un bœuf.

« Immédiatement, le sacrifice est offert. Le féticheur prend pour lui une cuisse et une partie des entrailles dont il offre l’autre à l’Elegba (esprit infernal) et que les vautours viennent