Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/204

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les têtes qu’on nettoie bien et qu’on place dans un pot, et c’est devant ce pot soigneusement conservé qu’on offre les sacrifices.

« A minuit, commencent les tueries. L’exécuteur est le chef de Davi, ville du royaume de Porto-Novo ; il est assisté dans ses fonctions par ses fils et ses esclaves. Le premier sacrifice est un « sacrifice de vengeance » et la victime est un homme de la petite ville d’Adja (Dahomey).

« Téacbarin, disent les anciens, fut attaqué par les habitants d’Adja qui maltraitèrent son escorte. Or, pour perpétuer la vengeance que demandait cette injure, le peuple de Porto-Novo immole souvent des citoyens d’Adja. Dans cette dernière ville, on use des mêmes représailles.

« Le chef de Davi, qu’on appelle Obba-Idoniki, prend la victime et la conduit dans la cour fétiche, près de la cabane de bambous. Le malheureux, retenu entre les mains brutales de ses exécuteurs, comprend qu’on va l’immoler, et pousse des cris de détresse : « Au secours ! on veut me tuer ! Qu’ai-je donc fait ? Blancs, secourez-moi !… » Il exhale en vain son désespoir, car nul ne peut intervenir sous peine de mort, et les idêpés en armes occupent toutes les issues. On ne bâillonne pas cependant le