Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/208

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la nuit ni le jour suivant, car, a-t-il dit, s’il vous arrive malheur, je n’en réponds pas. Dès le matin, Jejis, Malais, Nagos, s’arment de leurs fusils et reçoivent de la poudre. Bientôt toute la ville retentit de cris, de chants, de hurlements, de bruits de mousqueterie ; les vieux canons de Toffa y mêlent leurs voix. La matinée se passe ainsi en fête ; on régale les victimes qui, la plupart, ne sachant pas les usages de Porto-Novo (ce sont des gens achetés ou des étrangers), ignorent le triste sort qui les attend.

« Vers deux heures de l’après-midi, on se pré pare à brûler l’ago et à expédier dés présents aux rois défunts. Tous les braves de Porto-Novo se rangent en bataillon devant la place, près de leurs chefs de guerre ou baloguns, armés de leurs parasols. Les drapeaux rouge, blanc et noir, sont enlevés de dessus l’ago et tous se niettent en marche. Chaque balogun suit un tambour, et le tambour, fabriqué avec la peau de la victime immolée le premier jour, fait entendre ses roulements funèbres et lugubres. Le roi et les cabacères restent au palais, excepté Agboton, le mauvais génie de Toffa. Ce vieux cabacère, armé du bâton du roi, ouvre la marche. Le cortège sort des remparts et s’avance très lentement à cause de la foule.

« … Nous pouvons voir tout ce qui va se pas