Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/244

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La foule. — Celui de goûter.

Le ganga. — Et la langue a son don :

La foule. — Celui de parler.

Le ganga. — Nous avons tous ces dons ;

La foule. — Oui, nous les avons.

Le ganga. — Mais le don de guérir,

La foule. — Don que nous n’avons pas.

Le ganga. — C’est le don, c'est le don

La foule. — Le don des gris-gris !

(Le tam-tam se met furieusement de la partie.)

Le ganga. — Toi que nous invoquons,

La foule. — Ne nous trompe pas !

Le ganga. — Tout-puissant Simbi[1],

La foule. — Ne nous trompe pas !

Le ganga. — Nous te prions, nous te prions,

La foule. — Ne nous trompe pas !

Peut-on inventer une comédie plus grotesque ?

Les Pongoués[2] qui habitent près du cap Lopez (Gabon) achètent les esclaves chez les peuples voisins de l’intérieur ; puis il les revendent entre eux, ou même les vendent à des Portugais, qui les transportent à l’île du Prince ou à l’île Saint-Thomas, pour les employer à la culture du café et du cacao. Chez les Pangoués, les Boulons et les Bakalais, pas un différend ne se termine, pas un mariage ne se conclut, sans qu’on ne fasse entrer un ou deux esclaves dans

  1. Simbi, le fétiche qui préside aux destinées de l’homme.
  2. Ou Mpongoués.