Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/249

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sous le nom d’épreuve d’icaja et de mboundou.

Voici en quoi elle consiste, L’icaja est un petit arbuste ; l’écorce de sa racine est un poison très violent. Le féticheur râpe cette écorce vénéneuse dans un verre d’eau qu’il présente à l’esclave. Celui-ci doit l’avaler d’un seul trait, après quoi on le fait étendre, la face exposée aux ardeurs d’un soleil de quarante degrés. Bientôt le poison opère son effet, la figure de l’esclave se contracte, ses yeux semblent vouloir sortir de leur orbite, et une torpeur invincible s’empare de tous ses membres. Au signal donné par le féticheur, le patient doit se lever, parcourir un certain espace, au milieu des cris et du bruit du tam-tam, et franchir une raie tracée sur le sable par le féticheur. S’il tombe avant d’avoir pu la franchir, c’est qu’il est coupable, et il est, par ce fait seul, jugé digne de mort. S’il parvient à la franchir sans tomber, il est déclaré innocent. Inutile de dire que le féticheur, chargé lui-même de préparer l’icaja, le fait à une dose telle que sa victime tombe presque toujours.

Souvent les esclaves accusés d’empoisonnement sont livrés à d’horribles tortures. Un enfant de quinze à seize ans, fut, après des raffinements de cruauté, enterré vif sous le cercueil de son maître. Un témoin digne de foi dit :