Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/250

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« J’ai vu également le bûcher où les Boulous venaient de brûler, après l’avoir coupée en morceaux, une esclave accusée d’avoir empoisonné sa maîtresse. Celle-ci était morte d’une maladie de poitrine, dont elle était atteinte depuis plusieurs années. Je connais un chef de village, qui, pour guérir son fils frappé d’aliénation mentale, a tué, en un seul jour, jusqu’à vingt-deux esclaves. Il y a même des pères qui ont la barbarie d’immoler leurs enfants pour acquérir un fétiche auquel ils attribuent le privilège de procurer des richesses.

« Il est une catégorie d’esclaves plus à plaindre encore, s’il est possible. Ce sont ceux qui sont atteints de la lèpre ou de toute autre maladie, réputée incurable, l’hydropisie, la phtisie, etc. Ces infortunés sont considérés comme des maudits, qui se sont attiré la colère des génies malfaisants. On les laisse mourir de faim dans des cases abandonnées ; ou bien, afin de se défaire d’eux plus vite, on les porte dans les bois, pour qu’ils y deviennent la proie des tigres, ou au bord de la mer, pour qu’ils soient noyés à la marée montante et dévorés par les requins[1].

  1. Sur les côtes de l’Afrique Occidentale, on jette souvent de pauvres petits enfants, en sacrifice expiatoire, à ces squales.