Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/277

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gages des jeunes filles, puis enfin ces dernières elles-mêmes prirent place sur les ânes des Français. « Quelque endurci que je fusse, dit Mage, je ne pouvais voir ces malheureuses au moment du départ, les membres engourdis, trop faibles pour se lever ; souvent leur maître arrivait, les frappait, et quelquefois une larme silencieusement coulait le long de leurs joues. Sans doute, elles pensaient au lieu de leur naissance, à la case de leur mère, et lentement, péniblement, elles se mettaient en marche. »

Ajoutez à tout cela un régime déplorable, une abstinence rigoureuse, un manque presque complet d’eau entre Kita et le Bakhoy, et on comprendra les tortures endurées par ce bétail humain, conduit de marché en marché conformément aux coutumes des Barbares ou des Musulmans.

Mage et Quentin avaient encore le spectacle d’esclaves enchaînés deux par deux ! Ils portaient les cadeaux d’Abibou, chef de Dinginrouj (Fouta Djallon), à son frère Ahmadou, sultan de Ségou. C’étaient des Diallonkés.

« Un bâton de trois centimètres de diamètre, percé d’un trou à chaque extrémité, les joignait l’un à l’autre ; chacun des trous aboutissait à un collier, tressé en cuir de bœuf, autour du col des esclaves, à la façon des erseaux de la