Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/278

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marine[1]. Comme ils n’avaient aucun couteau, il leur était impossible de se débarrasser de cette entrave qui les réduisait à la condition la plus misérable. Ainsi, quand il fallait passer un endroit dangereux, franchir un ruisseau sur un arbre, un gué sur des roches, qu’on se figure leur position ! et je ne parle pas, écrit Mage, des mille nécessités de la vie dans lesquelles, à coup sûr, il est pénible de se voir enchaîné à quelqu’un. L’autre bande avait le même genre d’attache, mais avec un petit adoucissement. Au lieu d’un bâton c’était une grosse corde flexible en cuir qui les réunissait. Au moins ils n’étaient pas contraints de ne garder entre eux que la plus petite distance, sous peine de s’étrangler. »

Outre leurs fardeaux, ils avaient encore à porter jusqu’à deux ou trois fusils quand il plaisait au Toucouleur, leur maître et seigneur, de les en charger. Mage leur prêta un seau en toile, qu’ils remplissaient d’eau et portaient à tour de rôle.

Leurs vêtements, sommaires, étaient en lambeaux et contrastaient davantage encore avec

  1. Cordage dont les deux bouts sont épissés ensemble de manière à former une circonférence d’un diamètre égal au calibre d’une bouche à feu et qu’on plaçait autrefois sur le boulet pour l’empêcher de rouler dans l’âme du canon.