Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/31

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tant en avoir, en faire orner mille objets futiles, pouvaient savoir combien de larmes, de sang il a fait et fera encore couler ! Proscrire l’usage et la mode de l’ivoire dans les pays civilisés ce serait porter un coup vraiment fatal à l’esclavage.

Veut-on connaître l’opinion de Stanley sur les marchands d’ivoire ? Que l’on ouvre son dernier ouvrage : « Dans les ténèbres de l’Afrique[1] » et lise le passage consacré à ces gens-là :

« Nous savons quels ont été les agissements d’Ougarrououé et ce qu’il met toute sa vigueur d’esprit à accomplir encore. Nous connaissons les hauts faits des Arabes autour des chutes de Stanley et sur la Loumanii ; quelle œuvre diabolique poursuivent Moumi Mouhala et Bouana Mohammed, dans la région du lac Ozo, la source du Louloua. En traçant au compas, autour de ces divers centres, de vastes circonférences renfermant des surfaces de 100 à 150,000 kilomètres carrés, on pourrait se faire une idée des domaines que se sont attribués une demi-douzaine d’hommes résolus, aidés de quelques centaines de bandits ; ils se partagent ainsi près des trois quarts de l’immense foret du

  1. Edition française de juin 1890, Paris, Hachette et Cie.