Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/314

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au point du jour et ne s’arrête qu’après le coucher du soleil. Alors les esclaves allument du feu, écrasent, sur une pierre concave qui fait partie de leurs ustensiles portatifs de cuisine, une portion de froment qui cuit ensuite en forme de bouillie, avec un petit morceau de viande de vache salée et desséchée. Le repas du matin consiste aussi en une bouchée de froment, mais sans viande.

On économise l’eau pendant le voyage. Souvent les esclaves ne peuvent boire qu’une fois par jour, d’où il résulte qu’il en meurt plus de soif que de fatigue.

Quelque cruelle que cette économie de boisson soit et paraisse, elle s’explique par deux considérations puissantes ; la première est que l’on ne rencontre de l’eau que rarement, pendant trente-six à quarante jours de marche ; la seconde c’est que les chameaux employés à porter l’eau dans des outres en peau de chèvre, périssent en grand nombre.

Dès les premiers jours, les fatigues, les privations, la douleur ont affaibli un certain nombre d’esclaves. Les femmes s’arrêtent les premières. Alors, afin de frapper d’épouvante ce malheureux troupeau humain, les conducteurs s’approchent de celles qui paraissent plus épuisées, armés d’une barre de bois pour épargner