Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/315

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la poudré. Ils en assènent un coup terrible sur la nuque des victimes infortunées, qui poussent un cri et tombent, en se tordant dans les convulsions de la mort.

Le troupeau terrifié se remet aussitôt en marche. L’épouvante a donné des forces aux plus faibles. Chaque fois que quelqu’un s’arrête épuisé, le même affreux spectacle recommence.

Le soir, en arrivant au lieu de la halte, lorsque les premiers jours d’une telle vie ont exercé leur influence délétère, un spectacle non moins horrible attend les esclaves. Ces marchands d’hommes ont acquis l’expérience de ce que peuvent supporter leurs victimes. Un coup d’œil leur apprend quels sont ceux qui bientôt succomberont à la fatigue. Alors, pour épargner d’autant la maigre nourriture qu’ils distribuent, ils passent avec leur barre derrière ces malheureux et d’un coup les abattent. Leurs cadavres restent où ils tombent, lorsqu’on ne les suspend pas aux branches des arbres voisins, et c’est près d’eux que leurs compagnons sont obligés de manger et de dormir.

C’est ainsi que l’on marche pendant des mois entiers, quand l’expédition a été lointaine. La caravane diminue chaque jour. Si, poussés par les maux extrêmes qu’ils endurent des esclaves tentent de fuir ou de se révolter, leurs féroces