Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/325

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maître nouveau. Leur physionomie ne reflète qu’une sorte de mélancolie animale. Elles ne sont ni révoltées, ni résignées, elles subissent leur condition sans réfléchir à leur misère. Indifférentes, ne possédant plus qu’une conscience confuse d’elles-mêmes, elles se plaignent moins de leur sort que nous, dans notre naïveté nous ne nous apitoyons sur elles[1]. »

D’après le docteur Marcel[2], l’esclavage existe encore dans toute son horreur au Marok. Et M. Léo Quesnel ajoute : « On a fait cent fois le tableau d’un marché d’esclaves ; celui de M. Marcel nous frappe comme si nous n’en avions jamais vu ni lu d’autres. Nous croyons assistera la scène. Les crieurs publics sont à la besogne et procèdent aux enchères ; chacun d’eux traîne plusieurs esclaves, l’une en avant, qu’il guide par la main, les autres suivent seules par derrière. Ils tournent sans cesse autour du marché, montrant leur marchandise, sollicitant des acheteurs. Un Arabe accroupi fait un signe ; on lui amène l’esclave qu’il a désignée. Elle se place devant lui, debout ou à genoux, comme il veut. Il l’examine ; la tête des pieds à la tête, regarde sa bouche,

  1. Le Marok. Tour du Monde, 1885.
  2. Le Marok. Voyage d’une mission française à la Cour du Sultan, Paris, 1886, Plon-Nourrit et Cie, éditeurs.